Réussir l'anesthésie des dents mandibulaires indépendamment du contexte

Professeur Pierre Carpentier

Réussir l’anesthésie des dents mandibulaires indépendamment du contexte

par Pierre Carpentier

APRÈS AVOIR FRANCHI la membrane cytoplasmique du neurone, les anesthésiques locaux bloquent la conduction nerveuse en se fixant sur la partie interne des canaux sodiques.

Photo n°1 - Repères muqueux utilisés dans un bloc du nerf alvéolaire inférieur à confronter aux repères osseux toujours plus fiables.

Parmi ces canaux, certains présentent la particularité d’être plus ou moins sensibles à des toxines. Les canaux TTX-résistants, peu sensibles à la toxine du poisson tétrodon, sont spécifiques des neurones nociceptifs. Ils sont plus réfractaires à l’action des solutions anesthésiques, puisque la lidocaïne est quatre fois moins efficace sur ces canaux que sur les autres canaux sodiques. Sous l’effet de l’inflammation, une augmentation de ces canaux a été mise en évidence, y compris dans la pulpe dentaire.

Photo n°2 - Une vitesse d’injection de 1ml/min évite la diffusion de l’anesthésique à distance du nerf alvéolaire inférieur.

Cette plasticité neuronale explique les difficultés anesthésiques rencontrées en présence d’une pulpite, même lorsque la solution est déposée à distance de la dent causale. Si dans ce contexte inflammatoire, une biopulpectomie est envisagée, la stratégie consiste à associer les techniques anesthésiques. Un bloc du nerf alvéolaire inférieur, réalisé selon la technique anatomique, est systématique ment complété par une anesthésie du nerf buccal, puis un test au froid est pratiqué.

Si une sensibilité perdure, un complément est réalisé en utilisant une technique haute de préférence (Akinosi). Si la dent reste sensible, une anesthésie intraligamentaire ou intra-osseuse sera nécessaire. Cette dernière peut être envisagée en utilisant le X-Tip ou le QuickSleeper.

Si une pulpotomie est seulement envisagée, l’anesthésie intra-osseuse permettra d’obtenir une analgésie de courte durée.

 

Légendes  :

n°1 - Repères muqueux utilisés dans un bloc du nerf alvéolaire inférieur à confronter aux repères osseux toujours plus fiables.

n°2 - Une vitesse d’injection de 1ml/min évite la diffusion de l’anesthésique à distance du nerf alvéolaire inférieur.