Parodonte : greffes épithélio-conjonctives et de conjonctif enfoui

Parodonte : greffes épithélio-conjonctives et de conjonctif enfoui

par Philippe Viargues

 

LA PEUR DE PERDRE SES DENTS ou le sentiment d’un sourire peu esthétique amène beaucoup de patients présentant des récessions gingivales à consulter. De plus, il est à présent acquis que le renforcement parodontal pré-prothétique est souvent une nécessité. Ce sont, entre autres, les raisons qui ont porté le développement des techniques de greffes gingivales, qui furent d’abord épithélio-conjonctives. Bien que souvent délaissées au profit des greffes de tissu conjonctif enfoui, elles conservent encore aujourd’hui un certain nombre d’indications.

Les greffes épithélio-conjonctives doivent toujours – comme toutes les interventions de chirurgie plastique parodontale – être précédées d’une phase de préparation initiale. Elles restent l’indication majeure quand il s’agit d’apporter du tissu kératinisé en hauteur et en épaisseur. L’un des inconvénients de cette technique est l’obtention d’un résultat peu esthétique. Or la majeure partie des indications de recouvrement des récessions est d’ordre esthétique. C’est pourquoi, face à une récession gingivale, l’indication des greffes épithélio-conjonctives se pose aujourd’hui essentiellement à la mandibule, qui concerne des zones peu ou pas visibles.

En présence de poches parodontales, les techniques de déplacement apical des lambeaux sont préférables. Afin de pallier ces mauvais rendus esthétiques et augmenter la fiabilité des résultats dans les techniques de recouvrement, l’utilisation des greffes de conjonctif enfoui s’est développée. Ces types de greffes, associées ou non à des déplacements de lambeaux, coronaires ou latéraux, sont de plus en plus souvent utilisés. L’ensemble des études cliniques ou des différentes revues systématiques de la littérature concernant ce sujet montre la supériorité des techniques de conjonctif enfoui par rapport à tous les autres procédés de recouvrement radiculaire. Les modifications apportées par les techniques d’enveloppe et de tunnélisation améliorent encore les résultats esthétiques.

Ces techniques, très « opérateurs dépendantes », demandent une bonne connaissance des règles essentielles qui régissent la chirurgie plastique parodontale. Une fois ces règles acquises et après une phase d’apprentissage indispensable, ces techniques de greffe de conjonctif enfoui apportent aux praticiens et aux patients une très grande satisfaction. Il faut être prudent quant aux indications, respecter les règles de base, savoir que les résultats chez les fumeurs semblent moins prévisibles et éviter de commencer par les secteurs antéro-supérieurs où les conséquences en cas d’échec peuvent être délicates à gérer.

Une bonne connaissance de l’anatomie de la voûte palatine, lieu de prédilection pour les prélèvements, est également indispensable afin d’éviter tout risque hémorragique.

 

 

Légendes des 4 photographies :

n°1 - Récession postorthodontique (1992).

n°2 - Résultat post-opératoire après 8 ans.

n°3 - Cas avant traitement (décembre 2005).

n°4 - Limites juxtagingivales (septembre 2009) après greffe de conjonctif enfoui par tunnélisation.