Réalisation pratique des orthèses d?avancée mandibulaire (OAM)

Réalisation pratique des orthèses d’avancée mandibulaire (OAM)

par Marc Roché 

LA PRISE EN CHARGE des syndromes d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (Sahos) relève de la pluridisciplinarité, et le chirurgien-dentiste est sollicité pour prendre une place dans l’équipe soignante tant dans la détection des Sahos que dans leur traitement. Détection car notre profession est en première ligne lors de l’examen clinique, en particulier lors de l’examen endobuccal pour suspecter des signes évocateurs de cette pathologie. Traitement puisqu’il relève des compétences du chirurgien-dentiste de procéder à la réalisation des OAM qui constituent l’une des propositions thérapeutiques. Ces compétences ont été reconnues au travers des conditions de remboursement des OAM inscrites à la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) de la sécurité sociale, conditions qui imposent qu’un chirurgien-dentiste procède à un examen clinique initial et à des contrôles tous les six mois.

En revanche, dans le nouveau contexte créé par l’inscription à la LPPR de l’OAM ResMed-Narval ( photo n°1 ), puis des OAM Orthosom et Tali, il est nécessaire d’insister sur la relation de collaboration que le chirurgien-dentiste doit instaurer avec le médecin prescripteur de l’OAM. Le médecin spécialiste du sommeil, l’ORL ou le pneumologue a compétence à diagnostiquer un Sahos et à poser l’indication de la réalisation d’une OAM après la mise en oeuvre d’arbres décisionnels qui font consensus. Dans son courrier, il doit donner un certain nombre de renseignements (présence d’un obstacle vélaire, rétro-basi-lingual, etc.) qui résultent de l’examen clinique et des éventuels traitements effectués précédemment (échec de pression positive continue, chirurgie du voile et des cornets, des amygdales, etc.). Puis il doit interroger sur la possibilité de réaliser une OAM en laissant au chirurgien-dentiste la possibilité de contre-indiquer sa réalisation ou de choisir une OAM non inscrite à la LPPR.

Les contre-indications sont liées, par exemple, à un nombre de dents ou à un support parodontal insuffisants, notion que seul le chirurgien-dentiste est à même d’apprécier en présence du patient tant les exceptions au nombre de six à huit dents (le plus souvent recommandé pour supporter une OAM) infirment cette règle. Des cas cliniques sont montrés dans lesquels trois dents supports d’une prothèse amovible partielle au maxillaire ( photo n°2 ) et un édentement complet maxillaire ( photo n°3 ) relativisent cette recommandation. L’indication du type d’OAM dépend de l’importance de la propulsion maximale active, de la classe squelettique, du volume de la langue, du type de respiration (buccale ou mixte), des parafonctions, de l’état de la musculature…

Dans environ 70% des cas, le choix se portera sur l’OAM bibloc à bielles de Herbst ( photo n°4 ) à laquelle sera parfois ajoutée une enveloppe linguale. Dans les 30 % restants, le choix portera sur une OAM inscrite à la LPPR ou sur une OAM monobloc pourvue d’un étui lingual.

En tout état de cause, jamais il ne faudra accepter que la prescription médicale inclue la prescription du type d’OAM, dans la mesure où elle relève de la compétence et de la responsabilité du chirurgien-dentiste et non de celle du médecin et du prestataire qu’est le laboratoire.

 

 

Légendes des 4 photographies :

n°1 - Orthèse ResMed Cad-Cam.

n°2 - Essayage des gouttières. Seules 17, 23 et 27 subsistent.

n°3 - OAM Monobloc à étui lingual dans le cas d’étdentement unimaxillaire supérieur.

n°4 - Orthèse d’avancée mandibulaire bibloc à bielles de Herbst.