Les complications biologiques et la maintenance

Les complications biologiques et la maintenance par Bernard Schweitz

 

LA MAINTENANCE IMPLANTAIRE VISE À PRÉVENIR la survenue de péri-implantites. La résistance des tissus de soutien à la progression de l’inflammation est moins efficace sur implants que sur dent naturelle car les fibres conjonctives sur dent naturelle sont perpendiculaires à la surface radiculaire, ce qui n’est pas le cas sur implant.

Deux types de problèmes inflammatoires peuvent survenir :

 

La mucosite sur implant.

Elle correspond à la gingivite sur dent naturelle. Il s’agit d’une inflammation marginale ou d’un saignement au sondage que l’on rencontre chez 50% des patients qui ne sont pas pris en charge dans des programmes de suivi régulier.

 

La péri-implantite.

Il s’agit d’une mucosite associée à une destruction osseuse. Elle correspond à la parodontite en denture naturelle. Définir sa prévalence est plus complexe car la définition peut varier suivant les auteurs. Les critères, encore valables aujourd’hui, acceptent comme « normale » une ostéolyse de 1,5mm après un an de fonction puis de 0,2mm par an les années suivantes (Albrektson et Isidor, 1996). Au-delà de ces valeurs, on considère qu’il y a péri-implantite. La prévalence serait alors de 7% à 15% des implants sur un suivi moyen de 10ans.

 

Les études avec un niveau de preuve suffisant corrèlent la péri-implantite à trois facteurs principaux :

1. La présence de plaque dentaire. Associés à la plaque, les facteurs locaux limitant l’accès au brossage doivent être évités. Il s’agit des émergences prothétiques présentant de forts surcontours ou des « becs » vestibulaires, et la présence de tissus mobiles non kératinisés autour des implants.

2. Le passé de la maladie parodontale, notamment dans sa forme agressive, y compris chez l’édenté total. Plus qu’un problème purement microbien, il faut y voir l’implication d’une susceptibilité individuelle.

3. Le tabagisme. À moyen et à long terme, l’ostéolyse péri-implantaire est plus marquée chez les patients fumeurs.

Parmi les facteurs locaux, la fuite de ciment de scellement dans l’environnement péri-implantaire provoque fréquemment une péri-implantite. Des données récentes démontrent que les surfaces implantaires rugueuses augmentent le risque de progression de la péri-implantite par rapport aux surfaces usinées.

Enfin, des études au niveau de preuve moins élevé corrèlent la péri-implantite au diabète et à un facteur génétique.

Le suivi implantaire

La maintenance implantaire commence immédiatement après la pose des implants car l’exposition d’une vis de couverture, ou le dévissage d’une vis de cicatrisation, peut aboutir à une ostéolyse marquée.

Après la pose de la prothèse, la périodicité du suivi est calquée sur le suivi parodontal chez l’édenté partiel et varie de trois mois à un an selon le risque parodontal. Chez l’édenté, elle est fonction des facteurs de risque (indice de plaque, tabac, maladie parodontale passée). La séance de suivi implantaire consiste en un sondage péri-implantaire (au minimum annuel) qui mettra en évidence la profondeur du sondage, mais aussi d’éventuels saignements. La radiographie n’est pas systématique, mais sera faite en cas d’approfondissement au sondage.

Les objectifs de la séance de maintenance sont les mêmes que pour les dents naturelles : suppression de la plaque dentaire et du tartre au moyen de curettes manuelles en fibre de carbone ( photo n°1 ), éventuellement en titane, et finition avec des cupules en caoutchouc de forme diverses et de pâtes à polir à faible granulométrie ( photo n°2 ). Certains fabricants proposent des inserts en fibres de carbone ou des aéropolisseurs spécifiques. Les inserts métalliques sont à proscrire.

En cas de péri-implantite, le traitement non chirurgical à l’aide des instruments précédemment décrits peut être efficace. Mais la littérature montre que seul le traitement chirurgical par débridement mécanique semble être performant.

En l’absence d’autre stratégie, la maintenance implantaire régulière reste la seule option dont nous disposons pour limiter le risque de complication biologique péri-implantaire. La fréquence sera individualisée en fonction de la présence des facteurs de risque de la péri-implantite (plaque dentaire, passé de parodontite et tabagisme). Pour permettre cette maintenance, les constructions supra-implantaires doivent permettre un bon accès au brossage ainsi qu’au sondage péri-implantaire.