Diagnostic et traitements orthodontiques ou orthochirurgicaux
par Daniel Rollet
Les équilibres essentiels se définissent de la façon suivante :
• équilibre corporel global, posture ;
• équilibre des tissus mous ;
• équilibre occlusal ;
• équilibre esthétique ;
• équilibre fonctionnel (respiration, déglutition, mastication, phonation, sommeil…) ;
• équilibre psychophysiologique.
L’alignement dentaire n’est pas un résultat cosmétique suffisant (Danielle Deroze).
Il convient de placer les dents de sorte que le vieillissement pourra s’opérer le mieux possible.
1. Position de la denture dans la face ;
2. La matrice fonctionnelle doit être neutre ;
3. Position confortable des condyles en relation centrée physiologique ;
4. Guide antérieur ;
5. Guide et calage postérieur.
Avec le vieillissement, l’occlusion va bouger, s’adapter : la stabilité de l’occlusion n’existe pas. L’occlusion sera différente chez un individu normodivergent, hyperdivergent ou hypodivergent.
Cas clinique
Une petite fille présente un décalage avec interposition de la lèvre inférieure. Les problèmes fonctionnels sont pris en compte, et le travail va consister à empêcher l’interposition labiale et à libérer la croissance mandibulaire. Résultat de l’éducation fonctionnelle : la face change car les fonctions ont changé.
Il convient de placer la denture dans une position neutre. La zone péri-orale est très importante. Les forces centrifuges et centripètes doivent s’annuler.
L’éducation fonctionnelle va donc porter sur :
• le couple ventilation-déglutition : si la langue a une position basse, elle n’appuie pas sur le palais et ne permet pas le développement du maxillaire dans le sens transversal ;
• muscles et mastication ;
• posture ;
• élimination des habitudes (succion du pouce par exemple).
Il faut positionner les dents de sorte que les articulations résistent à la pression sans inconfort et en relation centrée physiologique.
On veut obtenir un triangle de recouvrement tout au long de l’arcade de deux à trois millimètres pour obtenir une liberté mandibulaire.
Les contacts occlusaux postérieurs ne doivent pas interférer avec le confort des condyles en arrière, ni le guide postérieur ou antérieur.
Certaines dysmorphoses peuvent être détectées tôt :
• si elles sont traitées à un stade précoce, la croissance maxillofaciale peut se dérouler dans de meilleures conditions, favorables au développement d’une harmonie faciale ;
• au contraire, si on laisse ces dysmorphoses évoluer en attendant la denture définitive, elles s’aggravent et la croissance se fait autour de ces dysmorphoses, rendant le traitement ultérieur plus difficile et plus long, avec des compromis de résultats (compensations alvéolo-dentaires).
L’Anaes (2004) recommande de traiter précocement les anomalies risquant de :
• porter atteinte à la croissance de la face ou des arcades dentaires ;
• nuire aux fonctions orales ;
• exposer les dents aux traumatismes.
Les patients hyperdivergents et hypodivergents n’ont rien en commun. Ils n’ont pas la même musculature :
• péri-orale : orbiculaire, buccinateurs, houppe du menton ;
• masticatrice : masséters, temporaux ;
• hypertonicité ou hypotonicité ;
• ancrage naturel variable ;
• position des dents dans la face et formes d’arcade différentes.
Chez le patient hypodivergent, le but consiste à libérer la croissance mandibulaire qui est contrainte par la musculature (sillon labio-mentonnier, masséters et temporaux puissants). On va donc chercher à stretcher la musculature. Chez le patient hyperdivergent, le cycle musculaire est différent et il peut y avoir des problèmes fonctionnels associés (respiration buccale ou déglutition atypique). On va donc chercher à muscler la zone péri-orale pour retrouver une neutralité.
Si l’on traite ces deux cas sans traiter les problèmes fonctionnels associés, on va droit à l’échec. Les objectifs du traitement sont la libération de la mandibule et l’obtention d’une neutralité fonctionnelle. Le concept de déverrouillage est axé sur l’étroite relation entre forme et fonction. Le diagnostic de la matrice fonctionnelle est alors primordial. Au-delà des dents, il convient de développer une pensée en quatre dimensions, c’est-à-dire travailler sur les dysfonctions dans le sens transversal, vertical, antéro-postérieur, et dans le temps (chez l’enfant, on parlera de croissance et chez l’adulte, de vieillissement).
Légendes des photographies :
Fig. 1 à 4. Cas 1 : Traitement par rééducation fonctionnelle.
Fig. 5 à 8. Cas 2 : Fermeture de béance avec ingression des molaires (cas traité par Stephen Tracey).