L'intervention de Gérard Duminil

Gérard Duminil


L’intervention de Gérard Duminil

 

  

C’est au tour de Gérard Duminil d’intervenir en utilisant la caméra Trios.

« C’est une caméra de forme pistolet que l’on tient par sa poignée. Sa fenêtre est large mais la tête est encombrante », indique-t-il.

Il faut prendre garde, lors de l’enregistrement de l’occlusion dans les secteurs postérieurs, à ce que le patient ne desserre pas les dents pour laisser la place à la caméra, dont la profondeur de champ en autofocus est de l’ordre de 6 à 7 mm et dont la tête est retournable « de sorte que, pour enregistrer l’antagoniste, l’on puisse garder la même tenue de la caméra ».1. Tuteur placé dans le logement du tenon destiné à la réalisation d’une RCR par empreinte optique.

 

Patrick Simonet, de la tribune, présente le cas clinique pendant que Gérard Duminil finit de s’installer : « Il s’agit de remplacer 14 en réalisant un bridge conventionnel 13 (14) 15. »

Les étapes précédentes ont été menées selon la chronologie et la méthode suivantes :

– Empreintes aux alginates avant l’avulsion de 14 et réalisation d’un modèle virtuel pour confectionner un bridge transitoire.

2. Situation clinique après scellement de la RCR.

– Avulsion de 14 et préparation de 13 et 15, adaptation du bridge transitoire.

 

Gérard Duminil apparaît souriant à la caméra, son regard passe au-dessus de ses aides optiques, surblouse bleue, masque vert, gants noirs. Il est prêt, alors que Patrick Simonet explique la suite des étapes précédentes :

« L’empreinte optique pour une reconstitution corono-radiculaire (RCR) nécessite deux passages. Le premier pour réaliser une empreinte sans rien dans le canal, puis un second avec un tuteur d’empreinte dans le logement de tenon. Le logiciel repère la position de la tête du tuteur et à partir de cela définit la longueur du tenon. »

 

Éric Hazan, de la table d’animation, souligne, au vu de la situation clinique « l’excellente qualité d’adaptation de la RCR sur 15.3. Empreintes optiques avec visualisation des points de contact.

– Oui, oui ! confirme Gérard Duminil. J’ai fait l’empreinte du bridge transitoire pour  ue l’occlusion ainsi validée serve à réaliser le bridge définitif. »

Patrick Simonet de la tribune : « Tes gants sont très seyants !

– Oui, c’est fashion, mais pas uniquement ! Moi aussi, comme la caméra, je peux être ébloui par la réflexion de la lumière du scialytique sur des gants de couleur claire ! »

 

Et il poursuit, en faisant son empreinte optique : « Pour la caméra Trios, la taille de sa tête est aussi un avantage car cela limite le nombre de passages. Nous allons voir ce que le logiciel va nous donner comme surlignage de la ligne de finition des préparations. » À l’évidence, pour l’assistance, le tracé est très approximatif. « Il s’agit là du tracé par défaut », précise l’opérateur.

« Effectivement, ce tracé a beaucoup de défauts ! », commente-t-on dans la salle.4. Détermination des limites périphériques.

Puis, joignant le geste à la parole, Gérard Duminil explique : « En passant le doigt sur l’écran tactile, je déplace le tracé à l’aplomb de la ligne de finition que j’ai préparée. Voilà qui est mieux ! Cela dit, le laboratoire dispose d’un logiciel beaucoup plus performant. » Bernard Schweitz de la tribune, mi-affirmatif, mi-interrogatif : « Donc, à la limite, on peut se dispenser de cette étape ! ?

– Oui tout à fait !

– Dis-moi Gérard, intervient Patrick Simonet, est-ce que l’image de l’empreinte optique te permet de régler l’occlusion ?

– De deux solutions, il faut prendre la plus simple, donc j’ai bien écouté ta leçon et je prends du papier à articuler.

– Ah, tu as pris des notes ! »

Dans le cas présent, deux armatures, l’une en zircone et l’autre en cobaltchrome, ont été conçues et usinées par CFAO.5. Visualisation du projet prothétique.

« L’intérêt de la technique réside dans l’homothétie parfaite obtenue qui ménage des épaisseurs constantes garantes de la résistance mécanique de la céramique cosmétique. »

 

Gérard Duminil évoque ensuite les relations avec le laboratoire : « La communication se fait via Internet. On peut vérifier l’armature sur l’écran, mais on ne peut plus la modifier soi-même et l’on doit téléphoner. Cela dit, c’est quand même rassurant qu’il reste encore des contacts avec des humains ! »

Les deux armatures sont présentées et essayées dans la cavité buccale : d’abord celle en cobalt-chrome, puis celle en zircone.

« Les préparations sont très supra gingivales, me semble-t-il, commente une praticienne, et je ne sais pas si mes patients l’accepteraient ! »

Comme en écho, vient une réponse de la salle d’intervention :

« J’ai fait le choix de cette situation des lignes de finition pour des raisons de santé parodontale et en fonction d’une ligne du sourire compatible. »

« En conclusion, que doit-on retenir de ce système ? résume Gérard Duminil. C’est un système à réserver aux éléments unitaires et aux petits bridges. »

Puis il poursuit en exposant que, en termes d’ergonomie, la prise en main est fiable, mais que le module est encombrant, nécessitant une place dont ne disposent pas tous les cabinets. Le gain de temps n’intervient que par rapport à une empreinte conventionnelle à reprendre. Cette caméra s’utilise sans poudrage préalable des dents, ce qui est très agréable. Les points de contact interproximaux sont un peu  forts, mais l’occlusion est très précise.

6. Prévisualisations des phases prothétiques (armature et céramique).

 

Comme pour les autres systèmes présentés, les fichiers sont dans un format propriétaire. Les compagnies renâclent à ouvrir leur système dans un contexte où de gros investissements ne sont pas encore amortis. Les délais de réalisation en CFAO semi-directe sont comparables à ceux des techniques conventionnelles, de l’ordre de cinq jours. Enfin, pour ce qui est du coût, il ne faut pas oublier dans le calcul d’ajouter au prix d’achat, élevé à amortir, le coût du contrat de maintenance et les achats de consommables.

Enfin, comme toujours avec les produits technologiques, ils constituent une valorisation en termes de prestige du cabinet difficilement évaluable.

 

La CFAO semi-directe présente un certain nombre d’avantages par rapport à la CFAO directe, car cela ne constitue pas un changement notable dans l’organisation du cabinet ni dans celui du rythme des séances de soins. Les indications sont plus étendues et le choix des matériaux plus large. On peut faire confectionner les chapes seules, et le prothésiste continue de monter la céramique esthétique.7. Essayage de l’armature.

Cette méthode limite le coût au système d’empreinte.

 

Pour conclure la journée, Alexis Lopater interroge Gérard Duminil : « Alors Gérard, faut-il y aller ou non ? »

Devant cette question directe, on sent le conférencier un peu gêné. « Il n’y a pas de réponse générique valable pour tous. Cela dépend de beaucoup de paramètres, de votre mode d’exercice notamment. Dans tous les cas, il ne faudra pas mettre en danger l’équilibre financier de votre cabinet. Mais je pense qu’avec cet outil on mettra en évidence de nouvelles indications. »

8. Vue terminale en bouche.

Alexis Lopater, insistant : « Mais toi Gérard, dans ton cas particulier, tu vas y aller ou pas ? »

Un peu hésitant : « C’est un matériel qui m’a été prêté il y a trois mois pour que je l’essaye. On m’a fait des propositions mais, pour l’heure, rien n’est décidé… C’est bien tentant ! »

Dernière minute : la caméra est commandée !

 

 


Légendes des illustrations :

1. Tuteur placé dans le logement du tenon destiné à la réalisation d’une RCR par empreinte optique.

2. Situation clinique après scellement de la RCR.

3. Empreintes optiques avec visualisation des points de contact.

4. Détermination des limites périphériques.

5. Visualisation du projet prothétique.

6. Prévisualisations des phases prothétiques (armature et céramique).

7. Essayage de l’armature.

8. Vue terminale en bouche.