Qu'est ce que le vieillissement ?

 

Qu’est ce que le vieillissement ?

 

par Nicole Jacquin-Mourain

 

Vieillir est le seul moyen qu’on ait trouvé pour vivre plus longtemps. » Cette citation de Charles-Augustin Sainte-Beuve illustre l’évolution qu’a connue notre société. En France, l’espérance de vie est aujourd’hui de 78 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes, mais l’espérance de vie sans incapacité est de 61,9 ans pour les hommes et 63,5 ans pour les femmes. L’augmentation progressive, mais régulière, du nombre de personnes âgées fait entrevoir, à l’horizon 2050, une population âgée plus importante que celle des jeunes.

Afin de vivre au mieux ces années de vie supplémentaire, nous devons développer la prévention et l’éducation thérapeutique afin de conserver nos capacités physiques et intellectuelles. Il faut distinguer le gérontologue, qui étudie les phénomènes touchant à la population âgée sous tous ses aspects (sociologiques, psychologiques, biologiques, économique, social, etc.), du gériatre, qui est un médecin spécialisé dans la prise en charge des personnes âgées.

La vieillesse est la dernière partie de la vie, c’est une notion abstraite puisque nous ne connaissons pas à l’avance le dernier jour de notre vie. Le vieillissement est un processus progressif général entraînant un déficit physiologique et cognitif. La notion de « senior » est très relative, la fourchette allant de 60 à 75 ans selon les organismes : 60 ans pour les collectivités locales ou la SNCF, 65 ans pour l’OMS et 75 ans pour la sécurité sociale. Le vieillissement physiologique débute entre 20 et 25 ans. C’est un processus complexe sur lequel les facteurs génétiques, environnementaux et énergétiques vont jouer, et qui comporte deux agresseurs majeurs, les radicaux libres et certains sucres (le glucose en particulier).

La création d’un stress oxydatif sous l’action des radicaux libres est le principal facteur environnemental. L’oxydation cellulaire créée par les radicaux libres endommage l’ADN cellulaire et touche tous les organismes cellulaires. Ce stress oxydatif peut être limité par la restriction calorique et l’utilisation d’anti-oxydants qui vont augmenter les défenses de l’organisme.

Qu’est-ce qui va faire la spécificité des soins à la personne âgée pour nous, chirurgiens-dentistes ? Nous devons connaître les pathologies et les traitements pris par notre patient et fixer avec lui ses objectifs de traitement, en tenant compte de son âge et de ses projets. Les cinq principales affections rencontrées chez le patient âgé sont : les maladies cardiovasculaires, les syndromes neuro-dégénératifs, la dénutrition, les fractures dues aux chutes et la iatrogénie liée à la prise de médications multiples dans les cas de polypathologies.

Parmi les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle est la plus répandue. Elle touche 80 % des personnes âgées. Ce constat implique que le dentiste, avant de traiter une personne âgée, doit prendre sa tension et surseoir à l’acte si la pression artérielle est trop élevée. Nous devons également toujours rechercher parmi la liste des médications prises par le patient celles qui sont susceptibles d’entraîner une hyposialie.

Les syndromes neuro-dégénératifs relèvent dans 70 % des cas de la maladie d’Alzheimer, de la démence vasculaire ou de démences mixtes. Lorsque la maladie d’Alzheimer est diagnostiquée, elle a déjà évolué depuis 15 à 20 ans avec des lésions cérébrales irréversibles qui vont aboutir à la perte d’autonomie de la personne. Les médications destinées aux patients atteints de troubles neuro-dégénératifs induisent également des hyposialies entraînant des difficultés à mastiquer les aliments solides. Les risques de dénutrition sont directement corrélés à la difficulté à s’alimenter, mais aussi au fait de vieillir seul. L’incidence sur la santé générale se fait rapidement sentir par l’entrée dans le cycle de la dénutrition avec son cortège de chutes, fractures, alitement, escarres et dépendance.

Ces facteurs, ainsi que la fin de la vie sociale du patient âgé, constituent le cercle vicieux menant à la dépression, ce qui aggrave encore la dénutrition. Dans la plupart des cas, les chutes sont liées à la perte d’équilibre, aux polypathologies ou à la iatrogénie. Le rôle du gériatre, via l’évaluation gérontologique standardisée, consiste aussi à réduire le nombre de médicaments pris par le patient et à faire le lien entre les différents soignants et personnes intervenant auprès du patient.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de bien vieillir ! Une étude épidémiologique de 2009 a objectivé qu’un juste équilibre intellectuel, affectif et émotionnel associé à une hygiène alimentaire et à un exercice physique permet de gagner des années de vie dans de bonnes conditions. Une bonne santé mentale passe par une bonne estime de soi et l’envie de faire des projets.

 

 


Les points clefs :

 

1. La notion de vieillesse est une notion relative.

2. Le vieillissement physiologique débute entre 20 et 25 ans.

3. En 2050, en France, la population âgée sera plus importante que celle des jeunes.

4. Ne pas hésiter à faire appel à un gériatre afin qu’il réduise le nombre de médicaments en cas de polypathologie.

5. Fixer avec le patient âgé les objectifs du traitement.