Quand choisir la reconstitution corono-radiculaire collée ?


Quand choisir la reconstitution corono-radiculaire collée ?


Chez un patient âgé de 60 ans, face à l’échec prothétique matérialisé au bout de cinq ans par le descellement d’un bridge antérieur, accompagné de fractures et de fêlures radiculaires, dans un cas de prothèse composite traitant un édentement de classe I se pose la question des causes de l’échec.

 

 

 


Un risque de descellement plus élevé chez l’homme

 

Les études cliniques nous donnent quelques indications sur le risque encouru dans de tels cas :

• le taux d’échec sur dent dépulpée est plus élevé sur les dents supports de crochet

• le taux de descellement est trois fois plus élevé chez l’homme de plus de 60 ans que chez la femme 

• le risque de fracture est multiplié par un facteur plus important encore quand le substrat est altéré. Plus la dépulpation est ancienne, plus le risque est grand. On constate que c’est au niveau de l’interface dent-tenon que s’est produite la défaillance et non entre les intrados des couronnes et les reconstitutions corono-radiculaires coulées (RCRC).

 

Cela est dû à deux facteurs :

• la surface développée entre tenon et logement est bien plus faible que

 celle développée entre RCRC et couronne

• un défaut de sertissage au niveau cervical.

 

 


Optimiser le volume  des tenons

Il est acquis que les tenons sont indispensables à la rétention, mais qu’ils ne renforcent pas les dents, bien au contraire.

Un ensemble de règles doit être respecté afin d’optimiser leur volume et minorer les risques :

• conserver un bouchon apical de 5 mm au minimum pour garantir l’herméticité apicale ;

• veiller à disposer d’une longueur de tenon au moins égale à celle de la couronne clinique ;

• préférer un tenon anatomique à toute autre forme. Ne jamais adapter la racine au tenon mais l’inverse, afin de disposer d’une répartition uniforme des contraintes à la racine ;

• assurer un sertissage périphérique de la racine de 2 mm et, si tel n’est pas le cas d’emblée, procéder à une banale chirurgie d’élongation coronaire pour l’obtenir.


Quatre impératifs  majeurs

 

On peut prôner la reconstitution corono-radiculaire collée à condition d’appliquer le protoco

le rigoureux suivant :

• choisir un adhésif compatible avec un collage intracanalaire, où l’accès à la photopolymérisation est plus qu’aléatoire, car certains adhésifs acides (tous les systèmes automordançants) et certains adhésifs à durcissement dual ne polymérisent pas en l’absence de lumière (mode auto) ;

• procéder à un nettoyage minutieux afin de débarrasser le logement des débris de boue dentinaire, de peroxyde de carbamide (contenu dans les lubrifiants utilisés comme le Glyde®), d’eugénol et de gutta. Utiliser des brossettes imprégnées d’EDTA, les ultrasons, des brossettes rotatives de façon à optimiser la surface de collage ;

• sélectionner un tenon flottant dans son logement (ne pas rechercher la friction, source de concentration des contraintes et parce qu’il importe que le tenon vienne au contact du bouchon apical) ;

• respecter le protocole de collage du fabricant : rinçage du logement, séchage avec une pointe de papier, enduction, séchage et brève exposition à la lumière du tenon fibré, large enduction de logement, suppression des excès à l’aide d’une nouvelle pointe de papier, injection du composite de reconstitution dans le logement, mise en place bien à fond du tenon, polymérisation de l’ensemble composite tenon.



Ce qu’il faut retenir :

À condition d’appliquer un protocole rigoureux, la reconstitution corono-radiculaire collée

permet :


• de retrouver en grande partie la résistance mécanique de la dent 

• de mieux répartir les contraintes fonctionnelles ;

• de gagner en herméticité ;

• d’obtenir une meilleure esthétique.



Vos questions, les réponses de Michel Degrange :


En cas de nécessité de retraitement, l’intervention est-elle encore possible ?

Oui. Le tenon doit être flottant. Quand on le met en place, il faut le mettre bien à fond

dans son logement au contact de la gutta. Le tenon est facile à retirer avec des forets sécants ;

il se délamine facilement. En revanche, le composite de collage est impossible  à retirer.


Quelles sont les indications limites d’une reconstitution corono-radiculaire collée ?

Lorsque l’on ne dispose de 2 mm de sertissage que sur 75 % de la périphérie de la dent,

il faut poser l’indication d’une reconstitution scellée. À l’opposé, lorsque l’on dispose de 2 mm à 3 mm de hauteur coronaire sur les molaires, on peut ne pas prendre d’ancrage intraradiculaire.