EN CE MATIN DU 13 JANVIER 2011, avant le lever de rideau de la Journée d’endodontie télévisée en direct, dans la salle d’opération, la concentration est le maître mot. Sandrine Dahan va effectuer en direct, sous l’oeil des caméras, le traitement endodontique d’une deuxième prémolaire maxillaire droite. Elle semble attentive, mais pourtant détendue. Plus loin, ce n’est manifestement pas le cas de Jean-Yves Cochet, qui doit succéder à Sandrine Dahan en intervenant sur un autre poste de travail. Précision importante pour comprendre ce qui va suivre : Jean-Yves Cochet remplace au pied levé Stéphane Simon, blessé.
Premier hic : il rencontre des soucis avec sa table opératoire, déjà encombrée des doubles sachets stériles nécessaires à la chirurgie endodontique d’une 12, qu’il doit entreprendre. Puis, à la dernière minute il devra emprunter la table de Sandrine Dahan pour pouvoir opérer. En effet, deux tables-pont avaient été prévues pour la journée, mais une seule avait été livrée…Voilà déjà une preuve que ces interventions ne peuvent pas se faire dans les conditions de confort auxquelles les opérateurs sont habitués dans leur propre cabinet dentaire. Mais celles-ci exigent de la part des opérateurs des efforts importants pour s’adapter au matériel et à l’instrumentation mis à leur disposition. Et à laprésence permanente de la caméra !
Avant-première mondiale
Au même moment, dans la salle de conférence, Yvan Bismuth, responsable de la Journée, s’adresse aux participants pour présenter les quatre opérateurs : outre Sandrine Dahan et Jean-Yves Cochet, qui, nous l’avons vu, préparent leur intervention, Jacob Amor traitera une 37 d’une longueur de 25mm et François Bronnec devra extraire un instrument fracturé d’une 45. Dominique Martin, Pierre Machtou, puis François Bronnec assureront les commentaires et répondront aux questions du public pendant toute cette Journée.
Yvan Bismuth rappelle également que sera présenté, en avant-première mondiale réservée à la SOP par la société Dentsply Maillefer, un instrument unique : le WaveOne™. Les participants de la Journée sont gâtés :
« Le lancement officiel du WaveOne™ n’aura lieu que demain en Suisse » précise Pierre Machtou. La conception du WaveOne™ est basée sur un mouvement de rotation alternatif. Il permet de procéder à la mise en forme complète des canaux avec un seul instrument. Le privilège de faire cette première présentation reviendra à Jacob Amor. Sur le plateau, Sandrine Dahan et sa patiente sont prêtes pour le traitement endodontique d’une 15 dont le délabrement coronaire proximo-pulpaire, motif de la consultation initiale, a été restauré lors d’une première consultation, à l’aide d’un ciment verre ionomère, et ce afin de disposer des quatre parois nécessaires à la réalisation du traitement endodontique dans de bonnes conditions d’étanchéité.
« Un microscope ? Au tarif de la nomenclature ? »
Deux radiographies rétro-alvéolaires préopératoires orthocentrée et mésiocentrée ont été prises pour étudier l’anatomie tridimensionnelle du système canalaire. Après badigeonnage au coton-tige d’un anesthésique de surface, l’anesthésie para-apicale vestibulaire et un rappel palatin sont effectués. Le crampon choisi pour poser la digue est le clamp n° 9 pour incisive. Après décontamination du champ opératoire à l’hypochlorite, la cavité d’accès est délimitée occlusalement puis, à l’aide d’une fraise boule long col, un pelage progressif du plafond pulpaire est effectué jusqu’à sa suppression complète. Commence ensuite la mise en forme des parois de la cavité à l’aide d’une fraise diamantée conique et la finition de la cavité d’accès avec des inserts ultrasonores diamantés coniques. Dès la pénétration initiale avec l’instrument de cathétérisme, Sandrine Dahan rencontre une difficulté avec la présence d’un crochet apical qui bloque la progression de la lime. Elle doit gérer une anatomie canalaire complexe avec deux canaux confluents et un crochet apical. Pierre Machtou :
« Vous constaterez la difficulté du cas ! Sandrine a dû précourber tous ses instruments jusqu’au F3 qu’elle n’a pu utiliser que manuellement ! »
Et de conclure : « En endodontie, il n’existe pas de cas simple ! »
Au terme de l’intervention, deux radios de contrôle permettent de visualiser l’obturation d’un crochet apical et la présence d’un puffmatérialisant l’obturation d’un second foramen latéroapical. Sandrine Dahan est accueillie à la tribune sous les applaudissements de la salle. Pause café. Et extrait d’un dialogue entendu dans les travées des stands des exposants :
« Bien sûr, le microscope est utile pour la cavité d’accès. Mais qui a les moyens de s’en offrir un au tarif de la nomenclature ?
– Oui, les loupes à fort grossissement sont plus abordables.
– De toute façon, de ce que l’on a vu, les difficultés étaient surtout apicales… »
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