Et surtout la santé !

Marc Roché (président de la SOP)

Publié le vendredi 01 janvier 2021

« Agir plutôt qu’attendre peut infléchir le devenir »
Marc Roché

LES VOEUX DE FIN D’ANNÉE sont des souhaits qui misent sur l’espérance en une part d’inconnu. Arrivé à un certain âge, immanquablement, ils se concluent par un : « Et surtout la santé ! »

Mais l’année 2020 vit, tout âge confondu, une sanctuarisation de la santé. À preuve, face à la pandémie, et quel que soit le système politique, ce fut le plus souvent la santé d’abord et l’économie ensuite.

Puissent nos gouvernants en retenir la leçon, et que dure, au-delà de l’épisode pandémique, ce regain de considération du domaine qui est le nôtre. Formuler un tel vœu et espérer – espérer en son double sens – ne suffit pas, car on espère uniquement en ce sur quoi on ne peut agir. Et agir, plutôt qu’attendre, peut infléchir le devenir.

Ainsi, en fin d’année 2020, deux nouvelles, l’une bonne, l’autre pas, ont suscité des commentaires au sein de la profession. La première résulte d’actions coordonnées, la seconde d’actions désordonnées et dommageables qui imposent d’agir.

 

LA BONNE NOUVELLE fut la parution au Journal officiel, le 4 décembre 2020, d’un décret et d’un arrêté qui autorisent les chirurgiens-dentistes à réaliser les tests antigéniques de la Covid-19.

Une bonne nouvelle puisque, dans son rôle, et considérant que cela relevait du domaine médical de notre profession, la SOP la première, on s’en souvient, avait agi et formulé cette requête dès le 24 avril dernier dans une lettre ouverte à la présidence de la République et dans une pétition en ligne.

Dès lors, l’argumentaire était sur la table comme bras de levier pour les syndicats…

 

EN REVANCHE, AVEC LA MAUVAISE NOUVELLE – la condamnation de la profession par l’Autorité de la concurrence – tout reste à faire pour soutenir les recours en appel envisagés.

Car, au-delà de l’amende considérable qui serait prélevée sur nos cotisations, cette décision faisant suite à une saisine de la société Santéclair est lourde de signification.

L’accepter serait entériner que notre profession de santé relève d’une « Autorité administrative [qui se revendique] indépendante, spécialisée dans l’analyse et la régulation du fonctionnement de la concurrence (1) sur les marchés pour la sauvegarde de l’ordre public économique » (2)

En résumé, avec cette décision motivée par « deux infractions [qui] ont causé un dommage certain mais limité à l’économie » (3), c’est « l’économie d’abord » !


EN FAIT, LA PROFESSION EN EST CONSCIENTE, le fond du problème réside – nous en avons tous fait l’expérience avec nos patients les plus fidèles – dans le détournement de patientèle.

Une plate-forme comme Santéclair peut l’organiser sous couvert de « conseils » à des « clients » qui ont le prix pour seul critère de discernement. Simplification confortable mais abusive (4). Car dans notre domaine, la comparaison de deux devis ne suffit pas. Agir c’est témoigner, comme ici, afin que soit aussi révisé le cadre législatif qui a été imposé à notre profession par touches successives et parachevé par la loi de modernisation du système de santé de 2015 (5).

Pour 2021, le conseil d’administration de la SOP n’oublie pas de vous présenter ses meilleurs vœux, et surtout de santé.

 

Marc Roché,
Président de la SOP

 

(1) Nous soulignons !
(2) Lire l’éditorial « L’empire contre-attaque » dans le JSOP 5, 2015, et Wikipédia.
(3) https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/decision/relative-des-pratiques-mises-en-oeuvre-dans-le-secteur-de-la-chirurgie-dentaire
(4) « In Situ - Le prix d’un sourire parfait », France 3, 24 avril 2018
(5) Lire l’éditorial « La loi du Marché » issu du JSOP 4 daté mai 2015.