Bien identifier les indications pour réussir son traitement

Bien identifier les indications pour réussir son traitement

Dr LIMBOURpar P. Limbour et Ph. RusseDr RUSSE

 

Découverte par Branemark au cours d’études consacrées à la cicatrisation et à la revascularisation osseuse, l’ostéo-intégration se définit comme une jonction anatomique et fonctionnelle directe entre l’os vivant remanié et la surface de l’implant. L’implant constitue une solution de restauration fiable, pérenne et s’intègre dans le tissu biologique. Pour l’omnipraticien, il est essentiel de poser l’indication de l’implant et d’orienter les traitements dans une démarche de prise en charge globale.

 

Motivation et exigences du patient

L’effet de l’édentement.

Dans le monde, plus de 240 millions de personnes sont édentées. En France, on dénombre ainsi :

• 15,75 % d’édentés complets ;

• 30 % d’édentés partiels ;

• 1 tonne de colle adhésive consommée par an.

L’édentement perturbe les fonctions de mastication, de phonation et les fonctions esthétiques. Mais il peut très bien être compensé par la solution implantaire, l’avantage le plus important en étant la résolution des fonctions psychologiques et sociales.

 

Décision et stratégie thérapeutique. Lors de la prise de décision, il convient de procéder :

• à l’évaluation de la motivation et de la coopération du patient ;

• au contrôle de la plaque dentaire ;

• à l’évaluation de l’hygiène de vie du patient (consommation de tabac et d’alcool) ;

• à l’évaluation de l’anatomie de l’os alvéolaire ;

• à l’évaluation des parafonctions ;

• à l’évaluation des attentes du patient : il faut savoir s’il s’agit d’une attente esthétique, fonctionnelle… ;

• à l’examen du visage : équilibre des trois étages de la face, examen du sourire…

Tous ces paramètres sont à analyser avant de poser l’indication de l’implant.

 

Indications et contre-indications

Lors de la consultation, il convient d’établir un questionnaire médical précis et complet afin d’éviter les échecs liés au terrain du patient. Il faut respecter les contre-indications dites « absolues » et savoir prendre une décision aussi réfléchie que documentée en cas de contre-indication dites « relatives ».

Photo 1

 Les contre-indications « absolues » sont :

• un infarctus du myocarde récent ou un AVC récent, lesquels posent un problème de nécrose de certains

tissus, dedéficit fonctionnel, etc. ;

• une valvulopathie : on distingue les patients à risque A, présentant une cardiopathie à haut risque (prothèses valvulaires, antécédents d’endocardite infectieuse, cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées), des patients à risque B présentant une cardiopathie à risque modéré (valvulopathie, bicuspidie aortique, cardiopathie congénitale non cyanogène…) ;

• le port d’une prothèse valvulaire. Dans ce cas, le risque est l’endocardite infectieuse, dont on recense 1 500 cas par an en France (patients âgés de plus de 65 ans). Selon la révision de la conférence de consensus en 2002, la pose d’implants est proscrite chez les patients à haut risque. Chez les patients à risque modéré, la pose d’implant est déconseillée, mais dépend de l’appréciation du praticien. Précisons que dans ce cas de figure, il faudra gérer l’hémostase ;

Pano 2• une thérapie anticancéreuse. Chez les patients qui ont subi une radiothérapie, l’implantologie est contre-indiquée. Deplus, on ne pose pas d’implant pendant la phase de chimiothérapie ;

• une pathologie psychiatrique ;

• un traitement aux bisphosphonates par intraveineuse (IV). La chirurgie implantaire n’est pas pratiquée chez les patients traités par bisphosphonates par IV dans la mesure où il existe un risque d’ostéonécrose maxillaire et de retard de cicatrisation ( photos 1 et 2 ) . Cependant, s’agissant des patients traités par bisphosphonates per os, l’AFSSAPS ne contre-indique pas l’implantologie. Seule la prise, par les patients, de bisphosphonates oraux depuis plus de trois ans justifie des examens complémentaires.

Dans les cas de contre-indications relatives, voici les paramètres de prise de décision :

• l’expérience du praticien ;

• l’âge du patient : afin de poser un implant, il faut attendre la fin de la croissance (16-18 ans) ;

• la consommation de tabac : celle-ci modifie la réponse tissulaire. Toutefois, sans maladie parodontale associée, la pose de l’implant reste possible ;

• le diabète : s’il est équilibré, l’implant ne pose aucun problème.

Dans ces cas, le praticien devra évaluer le rapport bénéfice/risque de la thérapeutique implantaire.

 

L’examen clinique  en implantologie

Il convient d’écouter le patient afin de déterminer ses espérances, lesquelles peuvent être d’ordre fonctionnel, es­thétique ou psychologique…

L’examen exobuccal est réalisé :

• de face : symétrie, typologie faciale, morphotype gingival, ligne du sourire ;

• de profil (classe d’angle) : les patients en classes II et III sont considérés « à risque » car on observe une perte du guidage antérieur, palpation des ATM.

L’examen endobuccal porte sur :

• l’amplitude d’ouverture ;

• l’hygiène de vie ;

• les dents : état des dents, soins, ca­ries, points de contact ;

• l’édentement ;

• la prothèse existante ;

• les parafonctions ;

• les mylolyses ;

• l’infection ;

• les tissus mous (gencive attachée, morphotype gingival) ;

• les sondages ;

• la crête (largeur, volume) ;

• la concavité vestibulaire ;

• la RIM ;

• l’espace prothétique ;

• l’occlusion croisée, laquelle est défavorable pour l’implant.

La radio panoramique est indispensable et permet de :

• voir les dents incluses ;

• évaluer l’infection ;

• mesurer la hauteur d’os disponible ;

• voir les obstacles anatomiques.

Au total, l’examen implantaire peut se résumer à :

• l’évaluation des espérances du patient ;

• l’examen clinique ;

• la radio panoramique

Ces éléments permettent d’établir un projet prothétique initial.

 

 

 

Tableau :   Taux de succès de l’implant sur 10 ans

 

 

 


 

Réhabilitation Maxillaire Mandibule

 


 

Unitaire 92 % 94 %

Partielle 96 % 100 %

PASI 88 % 99 %

 Fixe complète 93 % 100 %