Restauration pour dent unitaire : mode d'emploi


Dr RE

Restauration pour dent unitaire : mode d'emploi

Synthèse de la conférence de Jean-Philippe Ré

L’examen  clinique  doit permettre d’observer l’occlusion du patient afin que la prothèse optimise et renforce ce calage. La fonction canine sera privilégiée autant que possible et l’occlusion du patient renforcée si nécessaire par des ajouts, par exemple de composites, afin de parfaire les contacts et d’avoir des conditions optimales d’affrontement des modèles pour le laboratoire           ( photo 1 ).

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Une empreinte sans déchirure ni décollement

Le transfert de la situation vers le laboratoire exige des empreintes d’une qualité parfaite, sans déchirure ni décollement, les plus précises possibles, notamment au niveau des faces occlusales. Les adhésifs sont fortement recommandés. Il est également recommandé d’enduire les faces occlusales avec de l’alginate de consistance fluide placé au doigt avant l’insertion du porte-empreinte. Si les empreintes ne sont pas coulées immédiatement, elles seront conservées dans un sachet humide. La coulée devra également s’avérer très méticuleuse afin de bien reproduire les faces occlusales.

Ainsi, les empreintes en occlusion sont déconseillées en raison du filet qui s’interpose et empêche une mise en occlusion exacte des modèles mais également du fait de la difficulté, pour le patient, de mordre en occlusion dans ces conditions. De plus, le gain de temps à la prise d’empreinte est perdu lors de l’ajustage occlusal en bouche.

 

Simple occluseur ou montage en articulateur ?

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Dans le cas d’une prothèse de petite étendue intercalaire, si l’OIM est physiologique, la position de référence est l’OIMexistante. Pour enregistrer l’occlusion, on demande au patient de venir au contact dentaire. Pour simuler les mouvements au laboratoire, un simple occluseur et une table de montage suffisent. On peut prendre une empreinte sectorielle sans enregistrement de l’occlusion si les modèles s’encastrent correctement de façon stable (affrontement manuel)         ( photo 2 ).

En revanche, pour une dent terminale, les moulages doivent être complets tant les moulages sectoriels sont instables. Tant que le guide antérieur est efficace, un occluseur suffit car il n’est pas besoin de simuler la diduction. Pour une restauration antérieure, les moulages doivent également être complets. L’enregistrement de l’occlusion n’est nécessaire que si les moulages sont instables. Mais l’articulateur est obligatoire car il faudra simuler les mouvements excentrés.

 

 

 

 

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La carte occlusale : une méthode complémentaire

L’enregistrement de l’occlusion, à l’aide de cire Moyco réchauffée dans de l’eau chaude est exclusivement limité aux préparations sans interposition de cire entre les dents en occlusion. Parce qu’il est souvent difficile de repositionner les dents précisément sur la cire, les impacts sont recouverts de ciment (par exemple, temp bond®) et le praticien demande au patient de serrer à nouveau afin de préciser ces points.

 

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Il existe une autre méthode complémentaire d’enregistrement de l’occlusion : la carte occlusale ( photos 3 et 4 ). Il s’agit d’observer les points d’occlusion et de les transmettre par photographie ou par schéma sur la fiche de prothèse afin que le prothésiste les retrouve en affrontant les moulages,avant et après la réalisation de la prothèse. L’essayage clinique, la finition et l’équilibration occlusaledevront permettre de retrouver cette carte occlusale initiale et le guidagesouhaité.

 

 

 

 

 

 

Vos questions, les réponses de Jean-Philippe Ré

 

Un composite pour restaurer une fonction canine est-ce pérenne ?

Oui, le collage est aujourd’hui très bien maîtrisé et l’usure reste tout à fait modérée à condition que la dent concernée soit bien intégrée dans le schéma occlusal du patient. Evidemment, si le composite est seul exposé, il va s’user trop rapidement.

 

Que faire si les contacts sont bons, mais que le patient se dit gêné ?

Il y a  alors sûrement quelque chose qu’il faut rechercher. Il peut s’agir de contacts trop forts sur les dents contiguës. Mais si l’on ne voit rien, on ne fait pas de meulage. Il faut qu’il y ait correspondance entre ce que dit le patient et ce que l’on voit.

 

En cas de sous occlusion, que faut-il faire ?

On reprend soit une occlusion (mordu) sur le moignon soit sur la coiffe (un peu de ciment pour que le prothésiste visualise le défaut) et l’on redemande un montage.

 

Recherchez-vous la même intensité de contact sur les couronnes sur implants que sur les dents ?

On ne recherche pas d’occlusion serrée mais un contact. Le danger de la sous-occlusion réside dans l’obtention de contacts non contrôlés secondaires à l’égression de la dent antagoniste. Nous ne devons pas non plus nous priver de guidage sur les prothèses implanto-portées.

 

Doit-on systématiquement réaliser une couronne provisoire pour une reconstitution unitaire ?

Oui. Pour des raisons esthétique, fonctionnelle et gingivale et cela, afin d’éviter les migrations des dents contiguës et antagonistes suite à un relâchement du ligament alvéolo-dentaire. Ainsi elle doit être en occlusion. 

 

Si le patient initialement a une fonction de groupe, doit-on la conserver ou créer une fonction canine ?

Si l’on peut aisément recréer une fonction canine, il faut le faire car cela simplifie beaucoup le travail prothétique : intégration et équilibration de la prothèse. Le seul moyen d’intégrer un élément dans une fonction de groupe est de passer par un FGP (functionally generated path).