Traitement d'une lésion infra-osseuse

Quatre actes de chirurgie parodontale en direct :

Traitement d’une lésion infra-osseuse

 

L’intervention chirurgicale d’Anton Sculean

 

Alors qu’Anton Sculean se prépare à intervenir dans une salle jouxtant l’amphithéâtre, de la tribune, Sofia Aroca – qui a sélectionné et préparé le patient – présente le cas avec une délicieuse pointe d’accent roumain : « Il s’agit d’un patient jeune dont la 11 présentait une mobilité III, avant préparation initiale, associée à une lésion localisée. »

Premières difficultés pour Anton Sculean avec… le fauteuil, dont les réglages sont récalcitrants, puis avec la transmission des photos à la salle. C’est sur des documents nettement dégradés que s’effectuent les explications de Sofia Aroca. Une certaine inquiétude plane dans le public… mais rapidement le direct reprend, et sur l’écran de l’amphithéâtre apparaît un plan serré de qualité.

  


Les protéines de l’émail associées à un matériau de comblement

 

Au grand soulagement de l’assemblée. Les protéines de l’émail associées à un matériau de comblement Anton Sculean précise que, 20 minutes avant l’intervention, une anesthésie à l’articaïne à 2 % a été administrée au patient en vestibulaire et en palatin. Il aborde la lésion par une incision intrasulculaire qui préserve la papille et garde un contact osseux permanent avec un microbistouri lame 21. Le geste est précis, les changements de lame fréquents.

Pour mobiliser et décoller le lambeau, Anton Sculean utilise l’un des deux bistouris de tunnélisation, le droit, qu’il a lui même conçu pour Stroma. L’accès palatin est difficile, et le champ de travail est maintenant masqué par le bras de l’opérateur. Réactions dans la salle. Après modification de sa position de travail, le praticien procède à un débridement de la lésion à la curette.

Celui-ci s’avère si énergique que la tête du patient pivote de droite et de gauche avec une telle ampleur que le cadrage serré devient impossible. Anton Sculean procède ensuite au rinçage et à l’irrigation de la lésion.

« Tout va bien monsieur ? interroge l’opérateur qui poursuit, cette fois en s’adressant non plus

à son patient mais à l’assemblée, en montrant à la caméra l’ampleur de la lésion :

– J’utilise des compresses pour évaluer la configuration de la lésion.

C’est un défaut profond circonférentiel à deux parois qui s’étend à la face palatine où il mesure 3 mm alors qu’il en fait 5 en interdentaire.

– Quel traitement régénératif allez-vous mettre en oeuvre ? demande Hervé Bourlier de la table d’animation.

– Nous disposons d’une bonne documentation dans la littérature sur les protéines de l’émail (Emdogain®) associées aux matériaux de comblement (Bio-Oss®). Les protéines de l’émail sont bien absorbées par les particules poreuses de Bio-Oss® » répond Anton Sculean tout en contrôlant le surfaçage radiculaire.

Une question spontanée jaillit de la salle :

« Avec quoi rincez-vous ?

– Du sérum physiologique !

L’opérateur poursuit :

– Vous voyez que la dent n’est plus mobile et qu’il n’est pas nécessaire de réaliser une contention…

J’applique pendant 2 minutes un gel d’EDTA à 24 % sur la racine pour éliminer la boue dentinaire ce qui permettra une meilleure attache des protéines de l’émail. »

Anton Sculean montre à la caméra la consistance crémeuse du mélange du Bio-Oss® et d’Emdogain ®. Il précise qu’il laisse reposer 2 à 3 minutes afin que l’absorption se fasse et conserve un peu d’Emdogain® pour l’appliquer directement sur une surface radiculaire dépourvue de tout saignement.

 


 

Opérateur et assistante : une parfaite coordination

 

C’est le moment que choisit Meyer Fitoussi pour intervenir : « Nous devons féliciter Anton Sculean qui est Hongrois, s’exprime en allemand tous les jours et parle aujourd’hui dans un parfait français !

Et Anton Sculean de reprendre :

– Il suffit de contrôler le saignement quelques secondes pour pouvoir appliquer notre mélange. »

Profitant d’une fenêtre favorable, d’un geste rapide, il injecte l’Emdogain®, qui présente l’aspect d’un gel fluide avant d’appliquer le mélange Bio-Oss®- Emdogain® qu’il condense légèrement à l’aide d’un fouloir à amalgame sans aller au-delà du rebord crestal. Puis, il élimine les excès ayant fusé sur le versant interne du lambeau et nettoie le site opératoire.

La réalisation des sutures est l’occasion d’apprécier la parfaite coordination de l’opérateur et de son assistante : précelles et porte-aiguille dans les mains du premier, écarteur et canule d’aspiration pour la seconde. Le choix est fait d’une suture suspendue double au niveau papillaire avec un monofilament 6.0 (Stoma). Dans un même mouvement, l’aiguille passe de vestibulaire en palatin, du porte-aiguille aux précelles. Elle est ensuite repassée en sens inverse en évitant d’accrocher le versant interne du lambeau vestibulaire avec la pointe tenue par les précelles. Dans un timing parfait, la canule aspire, puis bloque le premier noeud en vestibulaire pendant que le second est serré par les deux autres instruments. Des sutures simples sont réalisées en distal de 11 et de 21. L’ablation des fils est prévue 15 jours plus tard.

 


 

Un soutien osseux pour la suture

 

Une question vient de la salle : « Pourquoi avez-vous placé votre tracé d’incision papillaire en vestibulaire et non en palatin, ce qui est préconisé pour préserver l’esthétique ?

– La suture doit être soutenue par de l’os. Or le défect était palatin. »

Parfaitement logique.

Anton Sculean rejoint la tribune sous les applaudissements des confrères conquis par sa maestria. De nouvelles questions fusent de la table d’animation ou directement de la salle.

Mais, l’impératif horaire oblige Meyer Fitoussi à mettre un terme à ces questions en remerciant chaleureusement le conférencier avant de donner la parole à Bernard Schweitz afin qu’il présente le cas clinique que Jacques Malet va devoir traiter en direct.

 

  

 

 


Légendes des 12 photographies :

 

1. 9 h 23 : Radios.

 

2. 9 h 25 : Poche avec sonde en place.

 

3. 9 h 30 : Ouverture du lambeau avec minilame en place.

 

4. 9 h 33 : Décollement du lambeau.

 

5. 9 h 37 : Libération du lambeau, débridement et curetage.

 

6. 9 h 40 : Fin du curetage.

 

7. 9 h 42 : Passage d’EDTA à la seringue.

 

8. 9 h 45 : Mélange Bio-Oss®.

 

9. 9 h 48 : Application de protéines sur la surface de la racine.

 

10. 9 h 52 : Élimination du surplus.

 

11. 9 h 58 : Fermeture du lambeau.

 

12. 10 h 00 : Fin de l’intervention (avec suture en distal de 21).