Remplir une obligation ou combler un désir ?

Philippe Safar (président d'honneur SOP)

Publié le lundi 08 novembre 2004

Safar

Nous avons bien souvent en d'autres lieux, considéré la Société Odontologique de Paris comme une dame qui force le respect en raison de son grand âge.



Cela tient au fait que la SOP symbolise à nos yeux une société savante de renom, héritière d'un long passé et d'une tradition forte de praticiens qui ont su imposer un style et s'imposer une morale, fondée sur l'exigence, le souci d'apprendre et de partager des connaissances. C'est bien par rapport à cette fidélité à une certaine tradition que nous nous devons de répondre à ceux qui nous pressent de questions par courrier ou par courriel, sur le point de savoir : pourquoi la SOP n'a pas encore proposé ses services à la formation continue conventionnelle ?



Certains se prennent à le regretter, d'autres nous incitent à poursuivre dans notre refus.



Notre point de vue a toujours eu le mérite de la clarté. Nous avons tout mis en oeuvre pour intéresser et encourager la Profession à se former, à acquérir de nouvelles connaissances. Cela demeure notre vocation.



Nous défendions jusqu'à hier encore, l'idée que notre formation devait dépendre de notre seule volonté, bannissant l'obligation au nom de la liberté et du libéralisme. Aujourd'hui la règle impose que tout praticien se forme tout au long de sa carrière. Nous y souscrivons parce que c'est la loi, mais nous restons convaincus que se former, apprendre, doit rester un désir, une soif personnelle à étancher, laquelle implique un engagement, une motivation. En ce sens la formation continue nous apparaît comme une voie de liberté épanouissante pour l'individu, susceptible d'aiguiser l'esprit critique de chacun et d'élargir le champ de ses compétences. De plus, elle relève de notre seule responsabilité.



Dans le cadre de la formation continue conventionnelle, subordonner de surcroît une indemnité compensatrice à cette obligation spécifique de formation nous irrite et nous remplit d'amertume. Car c'est faire peu de cas de la dignité des confrères qui, déjà affaiblis par les contraintes d'un exercice professionnel tous les jours plus difficile, sont mis, parce qu'ils n'y voient plus assez clair, dans l'incapacité de réagir face à un système qui les rend esclaves. Ces praticiens ne sont plus en mesure de discerner que ce qu'ils acceptent n'est rien autre qu'un salaire déguisé, et qu'enfin ceux qui les enchaînent sont de leurs confrères qui se satisfont de les rendre assistés avec des responsabilités limitées.



La SOP n'aura de cesse de les dénoncer, et de clamer que nous devons avoir les moyens de vivre décemment de notre travail et de ne compter que sur nous pour nous offrir notre formation continue.