Ouconvacomsa ?

Philippe Safar (président d'honneur SOP)

Publié le mardi 01 avril 2003

Safar

Chaque année la Convention Nationale des Chirurgiens Dentistes. se complique un peu plus.

Chaque année s'ajoutent des tâches nouvelles. Aujourd'hui ce serait la télétransmission avec son surcroît de travail administratif. Ces tâches ne cessent de transformer les soignants en bureaucrates.
Sans juste contrepartie.

Nous comprenons les syndicats et leur volonté de jouer un rôle actif dans la modernisation du système de santé.
Mais dans ce domaine nous ne pouvons que déplorer pour la énième fois que leurs démarches ne favorisent ni l'unité, ni l'unicité de la Profession. C'est triste à pleurer!. Une réforme négociée aujourd'hui entre les Caisses de Securité Sociale et les syndicats dentaires ne peut tenir lieu de réhabilitation du système de soins.
Oser écrire dans la Lettre des instances conventionnelles, que "les inlays cores sont seuls responsables d'une hausse de 10% de la dépense dentaire totale des Caisses", relève d'une absence totale de perspicacité et de prévision des responsables de la Sécurité Sociale.
L'effet "prix" a indubitablement orienté l'offre, et induit des pratiques perverses. Nous l'avons écrit, annoncé et dénoncé.

Il appartient au gouvernement et au premier chef, au ministre de la Santé, de s'adresser directement à la Communauté Nationale pour lui avouer enfin le prix de ce qu'elle exige en matière de soins, sans le sous-évaluer. Il faut faire prendre conscience à notre Pays que s´il veut la qualité, il doit participer plus largement à son financement. Cette façon de voir les choses n'est ni cynique, ni démagogique, mais cruellement réaliste.

Un Avenant à la Convention Nationale vient d'être signé. Pas du tout avenant, cet Avenant !

Sous l´effet d´une forte communication, les termes de cet avenant apparaissent en première analyse, comme une forte incitation pour les praticiens à suivre une Formation Continue. Pour autant, les modalités et les mesures d'accompagnement n´arrivent pas à masquer les intentions politiques sous-jacentes. L'obligation d'une Formation Continue et les sanctions que d'aucuns appelaient depuis longtemps déjà nous ont toujours paru dégradantes. Les praticiens sont suffisamment responsables pour accepter que des efforts soient faits pour se former. 

Certains y consentent encore spontanément aujourd'hui ... pour leur gloire. Les autres sont soit démotivés. soit résistent à la remise en cause de leur propre pratique. Il ne faut pas s'en étonner .
Le constat est établi : on ne peut plus honorer les actes à leur valeur réelle, et les praticiens ont l'obligation d'assumer leurs charges. Il ne sert à rien alors de s'attacher, à grands frais, à développer et à promouvoir une Formation Continue qui" garantit une adaptation permanente et nécessaire aux évolutions des pratiques et des techniques de soins" . (Titre 3 de l'Avenant n° 4 de la Convention. )

Nous sommes là en plein paradoxe. Quels sont les moyens mis en place pour garantir cette adaptation? 

Rien. Si ce n'est, la charrue devant les boeufs.

Nous devons craindre, en souscrivant à cet Avenant, que de nouvelles menottes nous soient proposées, pour nous mieux télésurveiller, et nous contraindre, pour un long temps encore, à tirer nos revenus de nos échecs et de thérapeutiques mal adaptées, dont nous serons tenus pour seuls responsables.

 

  

Philippe Safar