L’esthétique à l’époque de sa reproductibilité technique

Marc Roché (président de la SOP)

Publié le jeudi 23 mars 2023

La « zoomification » de la vie et la tyrannie de Narcisse.

L’accroissement de la demande de chirurgie esthétique n’aura échappé à personne.
Mais a-t-on pris la mesure du rajeunissement du public qui y recourt, comme le montrent désormais les statistiques (1) ?

Car, oui ! La catégorie des 18-34 ans est passée devant celle des 50-60 ans en termes de consommation d’actes esthétiques.

La particularité de ce phénomène tient dans la précision de la demande de ces jeunes publics qui se conforment à un stéréotype fait des lèvres sublimées par injection d’acide hyaluronique, de front figé au botox, de visage ovalisé par bichectomie avec l’objectif, bien souvent, de ressembler à des modèles résultant de filtres numériques façon Instagram.

En cause, selon le sociologue Francesco Panese (Université de Lausanne), la « zoomification de la vie » et la « tyrannie de Narcisse ».
Car il faut ressembler au modèle dont l’image à distance s’impose.

Dans notre domaine, qui dispose de moyens techniques puissants, il est relativement aisé de satisfaire les demandes de copie de cette jeune clientèle, qui revendique le droit de façonner son corps à sa guise.

À peu près de la même façon qu’il est plus facile à un médecin de rédiger l’ordonnance demandée que d’expliquer les raisons pour lesquelles tel ou tel médicament doit être supprimé.
Ainsi, à l’époque de la dentisterie mini-invasive – qui est aussi celle de la reproductibilité technique et de ce que cela sous-entend –, il relève de notre déontologie professionnelle d’être en mesure de faire les propositions thérapeutiques alternatives.

Tout est alors affaire de formation et de communication.

Un thème largement développé lors de la Journée de la SOP du 19 janvier « Entendre, mprendre, se faire comprendre », dont vous retrouverez le Replay accessible gratuitement aux membres de la SOP ICI sur notre site internet ICI.