Science et pseudoscience

Philippe Milcent (rédacteur en chef du JSOP)

Publié le lundi 29 novembre 2021

« Il est déconseillé de s’en remettre à des croyances, à ce qui séduit plutôt qu’à ce qui relève du rationnel »
Philippe Milcent


CET ÉTÉ, L’Express consacrait un dossier aux médecines douces, complémentaires et alternatives intitulé « La nouvelle offensive des pseudosciences ».
Cette avancée inquiète. Car aujourd’hui, l’Université est contaminée au point qu’un collectif, Fakemed, en est venu à établir le classement de la « perméabilité des universités aux pseudosciences ».

Sciences et pseudosciences, un mélange des genres qui mérite que soit rappelé le principe selon lequel « La connaissance a des droits que la croyance ne peut pas revendiquer » (1). Sous la pression d’une forte demande, les universités transgressent ce principe d’autant plus allégrement que les droits d’inscription à des DU améliorent des budgets contraints, ce qui ajoute encore à la confusion.

Car cette demande résulte de causes certes multiples, au premier rang desquelles le mésusage d’Internet qui confirme que « toutes les allégations fausses se diffusent plus vite que les démentis que la science pourra leur apporter… » (2). C’est sans doute la conséquence d’une dérive dangereuse vers le « tout se vaut au nom d’un certain relativisme » des réseaux sociaux, sur lesquels tout ignorant peut rivaliser d’égal à égal avec un professeur de médecine.

Face à cela, l’Association française pour l’information scientifique (Afis) (3) traque les pseudosciences et souligne qu’à l’évidence, « dans le champ des sciences fondamentales, majorité ne fait pas vérité ».

Cette avancée inquiète aussi certains universitaires qui ont fait entrer une nouvelle discipline dans cette institution, la zététique (4), qui emploie sa rationalité à démonter les théories scientifiquement réfutables.

 

ALORS, OUI, se laisser bercer de facilité est plus spontané que d’accepter les messages complexes de la recherche qui sont souvent chargés de doute et laissent en suspens nombre de réponses.

De la même façon qu’il est aventureux, voire dangereux de confier sa santé aux soins d’individus n’ayant pas de carte de professionnel de santé (les mots ont un sens), il est déconseillé de s’en remettre à des croyances, à des intuitions et à ce qui séduit plutôt qu’à ce qui relève du rationnel.

Il est certaines aides ou traitements complémentaires qui donneront un peu de bien-être ou de confort, et des médecines alternatives qui seront toujours des pertes de chance.

La SOP, impliquée dans la formation continue, se doit de réaffirmer son choix de la médecine basée sur la preuve et les sciences cognitives.

Son programme en atteste.

 

Philippe Milcent,
rédacteur en chef du JSOP

 

(1) Gérald Bronner, Apocalypse cognitive, PUF éd., 2021.
(2) ibid.
(3) Site Internet : www.afis.org. Le titre de cet éditorial du JSOP est emprunté à celui d’une revue éditée par l’Afis.
(4) Du grec ancien Zétété, « magistrat enquêteur », et zêtêtikos, « qui aime chercher ».

 

Source : éditorial, page 5 du Journal de la SOP n°8 décembre 2021  
 

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