Osons !

Sylvie Saporta

Publié le lundi 28 octobre 2019

« La technique et l’humain doivent marcher ensemble, et il y a une méthode pour cela »
Sylvie Saporta

DANS UN MONDE THÉORIQUE, les progrès de la recherche et de nos techniques de travail nous permettraient aisément d’atteindre le zéro carie, voire le zéro maladie parodontale et le zéro péri-implantite. À part le traitement des traumatismes, des malformations et des anomalies de structure des dents, nous n’aurions plus grand-chose à faire.

Or ce n’est pas dans ce monde théorique que nous vivons, mais dans un environnement de travail à l’évidence hypertechnique. Avec pour corollaire un contexte où les exigences n’ont jamais été aussi aiguës.D’abord celles de nos patients, auxquelles s’ajoutent des contraintes légales et réglementaires qui génèrent un stress pesant lourdement sur notre exercice.

Où trouver notre équilibre dans ce contexte où la réalité n’a jamais semblé aussi éloignée du monde théorique que nous évoquions ? Et comment faire pour que le patient ne se sente pas « objetisé » et redevienne sujet ?
Car tout montre que lui non plus ne trouve pas son compte dans une médecine axée sur la technologie et une rentabilité court-termiste imposée à tous. Il existe des réponses simples qui sont à portée de main, associant la technologie à une prise en charge centrée sur le patient.

L’une d’entre elles, qui permet d’obtenir des résultats thérapeutiques largement documentés, est enseignée aujourd’hui et maintenant.

CETTE MÉTHODE S’APPELLE « ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT », autrement dit, l’ETP, qui n’est pas une formule creuse. L’ETP, combinant la technologie et cette approche du patient, rééquilibre et « ré-humanise » le soin.

Elle nous restitue dans la vérité de notre exercice. Elle propose une démarche éducative bien codifiée, permettant un transfert de connaissances – adapté et ciblé – au patient. Elle infuse le champ médical depuis une trentaine d’années, et s’est inventée initialement autour du traitement des personnes atteintes de diabète insulinodépendant, en recourant aux sciences humaines et sociales, à la pédagogie, à la psychologie et, bien sûr, à la médecine. Elle s’ouvre aujourd’hui à l’odontologie, car l’ETP donne des résultats en termes de succès thérapeutique sur le long terme.

La technologie et le partage bienveillant avec le patient sont complémentaires. Ils doivent avancer de manière indissociable pour le bien-être et la qualité de vie de nos patients, comme pour notre confort et notre plaisir d’exercer.
La technique et l’humain doivent marcher ensemble pour un présent serein et un avenir durable.
Osons l’ETP !
 
par Sylvie Saporta,
administratrice de la SOP et co-resposnable scientifique du Cycle long en Éducation Thérapeutique du Patient 2020