Pourquoi la SOP renonce au DPC

Marc Roché (président de la SOP)

Publié le lundi 01 avril 2019

Une fois pris le virage de la convention, il faudra bien, pour vivifier ce nouvel exercice, ​​​​​​​revenir à l’esprit de la formation continue.
Marc Roché

CERTES, TOUS LES ESPRITS SONT FOCALISÉS sur l’application de la nouvelle convention, et il ne pourrait évidemment en être autrement.

Mais il existe une autre contrainte exercée sur nos pratiques, dont il faut parler aujourd’hui : la formation continue telle que définie par l’AnDPC.

La SOP n’a pas ménagé son temps pour tenter de se conformer aux nouvelles règles instaurées par cette administration. Mais, après avoir pris acte du refus de l’AnDPC d’inscrire au DPC sa journée du 17 janvier, le conseil d’administration de la SOP a jugé démesurées les contraintes qui lui sont imposées. Comme tant d’autres organismes et malgré les moyens qui sont ceux de notre société scientifique – et que tous n’ont pas –, la SOP renonce pour l’heure au DPC.

Oui ! La SOP a toujours considéré que se former tout au long de la vie professionnelle était une obligation morale directement liée à l’activité de soignant. Un engagement personnel que chacun doit définir selon ses besoins et ses priorités propres. Lesquelles sont fonction du mode d’exercice choisi.

Or avec l’instauration du DPC, la prise en charge de ses formations et la promesse d’une indemnisation pour perte d’exploitation, les bonnes intentions d’une formation continue volontaire ont été perverties par des « orientations prioritaires » parfois décalées voire farfelues. « Prioritaires », elles constituent un préalable administratif rigide, dont la lecture à la lettre tombe comme un couperet sans même que le dossier soit étudié sur le fond de son apport scientifique pour les praticiens.

Comme dans l’interprétation de toute loi, « la lettre tue » alors que « l’Esprit donne vie » (1). Telle est la façon délétère dont fonctionne l’algorithme de l’ANDPC.

Pire encore, cette formule s’avère contre-productive car l’argent de la formation continue déclenche des appétits qui convergent vers cette manne. En l’occurrence ceux de praticiens peu motivés jusqu’alors par la formation continue et ceux de nouveaux « organismes » qui ont vu l’effet d’aubaine. Les uns vont ainsi satisfaire, pour la forme, à l’obligation de formation qui leur est faite, via le DPC ; les autres se conformer à un cadre rigide pour capter de nouvelles ressources.

Sophocle, cinq siècles avant JC, ne faisait-il pas dire au roi Créon que l’argent « égare, en les dévoyant, les bons esprits, les honnêtes gens, jusqu’à les encourager à de détestables forfaits [...], il apprend aux hommes à user de toutes ruses » (2) ?

Pour conclure, quand tous les ordinateurs seront paramétrés pour le virage de la nouvelle convention, il faudra bien, pour vivifier ce nouvel exercice, revenir à l’esprit de la formation continue.
Celui toujours défendu par la SOP et qui satisfait également aux obligations de formation (3).

Marc Roché,
président de la SOP

(1) Saint Paul, Deuxième lettre aux Corinthiens 3 : 6.
(2) Antigone. Traduction Hatier ; 1966.
(3) Le 13 septembre 2018, devant les 26 sociétés scientifiques membres de l’ADF réunies par ses secrétaires généraux, la directrice de l’AnDPC, Michèle Lenoir-Salfati, a tenu à souligner que le DPC n’avait pas vocation à représenter la seule offre de formation continue.