Bernard Schweitz (membre de droit de la SOP)
Publié le lundi 01 septembre 2014
Financer une mesure vouée à prendre en charge la formation de 400 000 professionnels de santé réclame une seule compétence : connaître la règle de trois.
Cinq ans après la mise en œuvre de la loi HPST, le Développement professionnel continu (DPC), qui en est une facette, commence à battre son plein. Mais, plus qu’une facette, ne n’agirait-il pas plutôt d’une facétie ?
Déterminer un budget pour financer une mesure vouée à prendre en charge la formation de 400 000 professionnels de santé réclame une seule compétence : connaître la règle de trois. C’était apparemment trop demander aux concepteurs du système.
Le coût global du DPC pour les neuf professions médicales et paramédicales est d’environ 565 millions d’euros par an (1). Le budget dont dispose l’OGDPC pour l’année 2014 est de 202 millions d’euros (1). On comprend vite qu’il y a « comme un défaut ».
Cela n’a pourtant nullement dissuadé les pouvoirs publics de passer le message d’une formation continue gratuite pour tous. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Fort heureusement pour l’OGDPC, tous les professionnels de santé ne suivent pas un ou plusieurs programmes DPC. Il n’empêche que le budget prévisionnel est largement dépassé et qu’au jour où cet éditorial sera publié, il n’y aura probablement plus un sou dans les caisses pour la fin de l’année 2014.
Rallonge budgétaire de l’État ? Arrêt sans sommation des prises en charge au terme du budget ? Toutes les solutions seraient imaginées pour parvenir à finir l’année sans faillite. Le Dr Martine Weber, directrice générale de l’OGDPC, assure cependant que tout programme validé par un dossier complet sera pris en charge pour cette année.
En attendant, devant composer avec plus d’un an de retard de l’OGDPC sur la prise en charge des formations validées, la SOP se retrouve en porte-à-faux en devant gérer quotidiennement les demandes de remboursement de praticiens qui lui ont fait confiance pour leur formation continue. On peut penser qu’il en est de même pour bien d’autres organismes de formation, sauf peut-être pour ceux qui sont déjà dans le rouge vif pour avoir dispensé des formations gratuites.
Qu’en sera-t-il demain ? Inutile d’avoir fait de hautes études pour comprendre que, pour perdurer dans sa mission actuelle, l’OGDPC doit augmenter son budget ou diminuer ses dépenses. À l’heure où ces mots sont écrits, toutes les voies de sortie sont imaginées. D’une correction des dysfonctionnements du système à sa disparition pure et simple. Un réaménagement de la mission de l’OGDPC pourrait également voir le jour...
Tout ça pour ça !
Bernard Schweitz
(1) Source : Inspection générale des affaires sociales (Igas).