Facettes céramiques

Facettes céramiques

Fiche pratique


Quel choix raisonné de système de collage ?

Nous publions ci-dessous un article d’ Arnaud Anstett tiré de sa thèse « Le collage des facettes céramiques : des données fondamentales à la pratique », qui a valu à notre confrère de se voir décerner le prix de la SOP 2012 de l’Académie nationale de chirurgie dentaire.
 


    

Face aux exigences esthétiques croissantes de nos patients ainsi qu’au désir des praticiens d’être le moins mutilants possible dans la réalisation de leurs actes, le traitement par des facettes en céramique prend toute son importance. En effet, les situations cliniques pouvant être traitées par des techniques adhésives sont fréquentes.

Ce projet thérapeutique doit faire suite à une analyse rigoureuse de nombreux facteurs. Celle-ci aboutira au choix des matériaux (le type de céramique, le type de polymère de collage) et des méthodes d’assemblage les plus appropriées.

Actuellement, une multitude de matériaux existent sur le marché dentaire, apportant leur lot de confusion et de complexité. L’« évolution » apportée à ces matériaux par les fabricants (simplification des protocoles, augmentation des propriétés physiques…) doit-elle être perçue comme une amélioration du traitement thérapeutique dans toutes les situations cliniques ?

 

Le substrat prothétique

Les céramiques feldspathiques ou feldspathiques renforcées par des cristaux de leucite (système Empress®) ou de disilicate de lithium (système Empress II®, IPS e.max®) sont les plus adaptées dans la réalisation des facettes. 

Ces céramiques de type matrice vitreuse avec phase cristalline dispersée possèdent une excellente aptitude au collage et une translucidité importante (HÄMMERLE, 2010).

 

Le substrat dentaire

L’émail et la dentine sont deux entités distinctes de par leurs structures, leurs compositions et leurs propriétés. La gestion de la dentine exposée reste une des principales sources d’échec au niveau de l’assemblage facette/dent. D’où la nécessité de conserver au maximum l’émail quand le projet thérapeutique nous le permet.

 

L’adhésion : tissus dentaires minéralisés/céramique

L’adhésion entre ces deux substrats va être obtenue par un système de collage. Afin d’augmenter cette adhérence, il conviendra de réaliser des traitements de surface de la céramique et des tissus dentaires minéralisés visant à augmenter l’énergie superficielle de ces surfaces ainsi que leurs rugosités. 

Le traitement de surface du substrat dentaire (majoritairement de l’émail) est réalisé par un système adhésif amélo-dentinaire. À ce jour, les systèmes de type MR III (mordançage et rinçage préalable en trois étapes) restent les plus performants, les moins sensibles à la technique de mise en oeuvre et les plus fiables à long terme ( PEUMANS, 2005 ; VERGNES, 2010 ; VAN DIJKEN, 2004 ). En effet, la structure et la composition de l’émail permettent l’obtention d’une adhérence élevée, fiable et pérenne suite à un mordançage. Sur l’émail, les systèmes adhésifs avec mordançage préalable (MR) obtiennent des valeurs d’adhérence nettement supérieures à celles des systèmes adhésifs automordançants (SAM) ( voir le tableau 1 sur les systèmes adhésifs amélo-dentinaires ; ci-dessous ).

Le traitement de surface du substrat prothétique est réalisé par le couplage acide fluorhydrique et silane qui reste à ce jour le meilleur traitement de surface de ce type de céramique (BRENTEL, 2007 ; SORENSEN, 1991).

 

Le choix du système de collage

Les colles sans potentiel adhésif associées à un système adhésif amélo-dentinaire obtiennent les valeurs d’adhérence les plus élevées et sont les plus fiables dans le temps ( LÜHRS, 2010 ; BLATZ, 2004 ) ( voir le tableau 2 sur les coffrets de composite de collage ; ci-dessous ). Ces colles offrent un rendu esthétique maximal, grâce à un choix de teintes important (AZEVEDO, 2005).

Les colles auto-adhésives possèdent une résistance mécanique faible et sont donc à proscrire pour les facettes céramiques car le joint subit de trop fortes sollicitations dans cette situation.

Au niveau optique, ces systèmes translucides possèdent un pouvoir totalement masquant du support ainsi que du polymère de collage au-delà de 1,5 mm à 2 mm d’épaisseur. Toutefois la couleur de l’agent d’assemblage peut faire varier le rendu final de 10 % à 15 % dans certaines situations – facette fine de moins de 1 mm et peu opaque – ( TOUATI, 1993 ), ( voir le tableau 2 sur les coffrets de composite de collage ; ci-dessous ).

Il n’existe pas un produit idéal adapté à toutes les situations. Ce sont les connaissances fondamentales du praticien qui permettront une utilisation adéquate du panel de produits mis à sa disposition, en fonction de la situation clinique.

Actuellement, la recherche de matériaux aux propriétés améliorées et la simplification de leurs procédures de mise en oeuvre apportée par les industriels ne doivent pas toujours être systématiquement perçues comme une amélioration du traitement thérapeutique.

Ces matériaux restent opérateurs dépendants.

Dans ces procédures longues et rigoureuses, la manipulation de ces matériaux joue un rôle aussi important que leurs performances intrinsèques.

 

par Arnaud Anstett   


Tableau 1 : Systèmes adhésifs amélo-dentinaires disponibles sur le marché

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Tableau 2 :  Coffrets de composite de collage disponibles sur le marché

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Annexes :

1. HÄMMERLE C., SAILER I., THOMA A., HÄLG G., SUTER A., RAMEL C., « Les céramiques dentaires en pratique clinique », Quint. Int. 2010.

2. PEUMANS M., KANUMILLI P., DE MUNCK J., VAN LANDUYT K., LAMBRECHTS P., VAN MEERBEEK B., « Clinical effectiveness of contemporary adhesives : A systematic review of current clinical trials », Dent. Mat. 2005 ; 21 : 864-881.

3. VERGNES J.-N., MOUSSALLY C., CAZIER S., CHIEZE J.-B., SAVARD G., SIMON A.-L., TIRLET G., ATTAL J.-P., « Influence du mordançage amélaire sur l’efficacité d’un système automordançant : Étude contrôlée randomisée en ROBP », Inf. dent. 2010 ; 92(3) : 13-19.

4. VAN DIJKEN J.W., « Durability of three simplified adhesive systems in class V non carious cervical dentin lesions », Am. J. Dent. 2004 ; 17 : 27-32.

5. BRENTEL A.S., ÖZCAN M., VALANDRO L.F., ALARCA L.G., AMARAL R., BOTTINO M.A., « Microtensile bond strength of a resin cement to feldspathic ceramic after different etching and silanization regimens in dry and aged conditions », Dent. Mat. 2007 ; 23(11) : 1323-1331.

6. SORENSEN J.A., ENGELMAN M.J., TORRES T.J., AVERA S.P., « Shear bond strength of composite resin to porcelain », Int. J. Prosth. 1991 ; 4 : 17-23.

7. LÜHRS A.K., GUHR S., GÜNAY H., GEURTSEN W., « Shear bond strength of self-adhesive resins compared to resin cements with etch and rinse adhesives to enamel and dentin in vitro », Clin. Or. Inv. 2010 ; 14 : 193-199.

8. BLATZ M.B., SADAN A., MALTEZOS C., BLATZ U., MERCANTE D., BURGESS L.O., « In vitro durability of the resin bond to feldspathic ceramics », Am. J. Dent. 2004 ; 17(3) : 169-172.

9. AZEVEDO C., COLON P., « Les polymères de collage », Real. Cl. 2005 ; 16 : 351-354.

10. TOUATI B., MIARA P., « Light transmission in bonded ceramic restorations », J. Esthet. Dent. 1993 ; 5 : 11-18.

11. ANSTETT A., « Le collage des facettes céramiques : des données fondamentales à la pratique », thèse de docteur en chir. dent. 2011.