« De l’avoine et des pommes », la chronique de fauteuil par Valérie Travert

« De l’avoine et des pommes », la chronique de fauteuil par Valérie Travert

Publié le lundi 11 décembre 2023

Valérie Travert

 






  CHRONIQUE DE FAUTEUIL N°15   


De l'avoine et des pommes


Les petits bonheurs, les doutes et parfois les affres d’un exercice
au quotidien en pratique généraliste vus par Valérie Travert, omnipraticienne.


 

La vie en copropriété dans un immeuble collectif n’est pas un fleuve tranquille, et les professionnels libéraux en savent quelque chose.
Beaucoup d’entre nous, qu’ils soient locataires ou propriétaires, ont vécu ou vivent des moments de solitude.
Pour moi, les ennuis ont démarré immédiatement après l’achat de mes locaux.
Schématiquement, l’ambiance n’était pas folichonne, l’arrivée d’un dentiste ne suscitait pas un franc enthousiasme et, pour ne rien arranger, j’ai assez vite exprimé le souhait de faire valoir mes droits.
J’estimais en effet payer des charges indues liées à l’impossibilité d’exploiter une partie de mon lot en activité professionnelle.
Par miracle, j’ai obtenu gain de cause après trois ans de procédure.
Vue de loin, ma méthode d’intégration dans l’immeuble pourrait presque ressembler à celle d’un dresseur de tigres débarquant dans un coin de jungle et mettant tout le monde d’accord avec son fouet.
Ça n’est pas exactement comme cela que j’ai vécu les choses.
Le climat fut délétère et, une fois le procès terminé, j’ai eu droit à des visages fermés ainsi qu’une dénonciation envoyée à la mairie, qui a dépêché illico un inspecteur dans mon cabinet.
Pourtant, autant que possible, je m'emploie à exercer mon métier dans un environnement harmonieux.
De fait, depuis ces événements, la tension a baissé, et je dirais que désormais, les choses sont rentrées dans le pli naturel des copropriétés faites d’intrigues, de mesquineries, de singularités multiples, mais aussi parfois de bienveillance et de compréhension.
Bref, nous sommes revenus à une certaine routine. Pour arranger joliment le hall de l’immeuble, j’ai récemment proposé la pose de luminaires et de miroirs.
Refus. La voisine du quatrième a eu l’argument définitif : « Madame, il s’agit d’une entrée cavalière, vous dénatureriez l’esprit de l’immeuble ».
Je me suis abstenue de suggérer l’achat d’un container pour y entreposer des sacs d’avoine et des pommes.
La vie en copropriété, c’est aussi savoir se taire.
 

par Valérie Travert, omnipraticienne

 

  
Chronique de fauteuil n°13 à lire en page 7 du Journal de la SOP, le JSOP  


#3F8FA6 SOP 2023 ©

Tous les flashs infos