CHRONIQUE DE FAUTEUIL « Rétropédalage » par Valérie Travert, omnipraticienne

CHRONIQUE DE FAUTEUIL « Rétropédalage » par Valérie Travert, omnipraticienne

Publié le jeudi 12 mai 2022

Valérie Travert

 






  CHRONIQUE DE FAUTEUIL  

« Rétropédalage »


NOUVELLE CHRONIQUE MAI 2022
Les petits bonheurs, les doutes et parfois les affres d’un exercice au quotidien en pratique généraliste vus par Valérie Travert, omnipraticienne.



Ah ! cette fichue routine et ses mauvais réflexes qui nous conduisent parfois à pondre des diagnostics trop hâtifs ! C’est encore une fois la même chose : on se dit que plus jamais on ne se fera piéger.

Jusqu’à ce que, parce que l’on a baissé la garde, ou parce que l’on est plongé dans le tunnel du quotidien, ou les deux, nous nous heurtons au mur de la réalité.

Récemment, un patient me demande d’entreprendre une réhabilitation esthétique. Son cas est relativement classique et, après un examen mené dans le respect des règles, je lui explique la nécessité d’une étape orthodontique préalable aux travaux proprement dits.

« Rien de bien méchant, lui dis-je, six à huit mois pour un réalignement ».

Puis, je l’adresse à mon ortho référente… Quelque temps plus tard, celle-ci se rapproche de moi.

« Le réalignement ne suffira pas, m’annonce-t-elle ».

Un traitement de dix-huit à vingt-quatre mois lui paraît impératif pour compenser le décalage des bases osseuses, faute de quoi récidives voire dysfonctionnements temporo-mandibulaires pourraient sur venir.

Ah ! Ça n’est plus du tout la même musique !

Pour moi, une simple correction de malpositions suffisait pour permettre mes collages. Gênée d’avoir à annoncer cela à mon patient, j’argumente en faveur de mon option de départ… mais ma consœur est réticente. Elle est ortho, pas moi.

Je finis par comprendre que mon raisonnement ne tient pas la route. Elle a raison : la pérennité du résultat esthétique ne sera assurée que si un traitement global est réalisé.

C’est toujours très problématique de devoir rétropédaler devant un patient. Je me sens en porte-à-faux mais, suis consciente que tout plan B est à proscrire.

Je rapporte à mon patient l’échange que j’ai eu avec ma consœur, lui explique les bénéfices du nouveau traitement envisagé. Je le fais sans détour en m’engageant le plus possible pour cette nouvelle proposition.

Je crains une perte de confiance et m’attends même à un refus de la part du patient. Car évidemment, il me pose des questions. Et, soulagement, il accepte le projet.

Je me surprends même à me dire que, au bout du compte, il aura été moins réticent que moi à saisir les enjeux...

 

par Valérie Travert, omnipraticienne
 

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