« L'empreinte du sourire » par Valérie Travert / CHRONIQUE DE FAUTEUIL

« L'empreinte du sourire » par Valérie Travert / CHRONIQUE DE FAUTEUIL

Publié le lundi 21 février 2022

Valerie Travert







  CHRONIQUE DE FAUTEUIL  

« L’empreinte du sourire »


NOUVELLE RUBRIQUE
Les petits bonheurs, les doutes et parfois les affres d’un exercice au quotidien en pratique généraliste vus par Valérie Travert, omnipraticienne.


 

Il existe des cas qui vous marquent, comme celui de cette patiente de 45 ans qui, enceinte de six mois, consulte avec une contention vestibulaire collée de 13 à 23 réalisée en urgence à l’hôpital. Une chute à vélo !

Passée par les urgences gynécologiques – la priorité pour les pompiers –, ça n’est qu’ensuite qu’elle a été dirigée vers le service maxillo-facial.

Ma patiente reste, dans tous les sens du terme, traumatisée.

Elle me demande de lui redonner son « sourire d’avant ». Avec cette part d’insaisissable de tout sourire ?

Comment retrouver ce sourire d’avant alors qu’il n’est plus ? Mais je comprends ma patiente. Je me fais la réflexion que je lui dois le meilleur de mon savoir et de mon expérience. Je réalise des maquettes avec photos et vidéos, lui expose le plan de traitement. Elle y adhère.

Nous passons à la réalisation.

Ravie du résultat, ma patiente remercie chaleureusement le prothésiste et l’équipe du cabinet. Mais deux mois plus tard, je reçois ce mail : « Je vous fais part d’une bonne nouvelle, la naissance de ma fille »… et, patatras !, « d’une mauvaise : je n’aime pas mon nouveau sourire ». C’est une énorme déconvenue, j’en tomberais de ma chaise. Je repense à l’investissement technique, professionnel et humain mis en œuvre. Je finis par ravaler ma déception et l’invite à revenir. Nous échangeons. Je tente de capter cette part d’insaisissable qui fait défaut.

Au terme d’une nouvelle séance où sont réalisés l'élargissement de l’embrasure entre 11 et 21 et la légère diminution du bord incisif de 21, une lueur de joie illumine alors le visage de la jeune maman qui dit se retrouver « comme avant ». Je me sens allégée d’un poids énorme. Et me vient en mémoire cette phrase de Spinoza : « La joie est le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection. »

 

par Valérie Travert, omnipraticienne
 

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« L'empreintre du sourire » par Valérie Travert omnipraticienne 

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