Blanchiment et éclaircissement
par Nicolas Cheleux
Les colorations extrinsèques postéruptives
Le mode de vie quotidien (thé, café, tabac...) a tendance à obscurcir les dents. Les éléments chromophores se lient chimiquement à la surface de l’émail.
Pour ces colorations superficielles, les techniques prophylactiques suffisent :
• Brossette + pâte de polissage ;
• Aéropolisseur.
Les colorations intrinsèques pré-éruptives
Pour ces colorations, il faudra utiliser les techniques d’éclaircissement.
Il en existe deux catégories :
• Les tons chauds (jaunes = A, B), dont les résultats sont généralement meilleurs ;
• Les tons froids (gris = C, D).
C’est le peroxyde d’hydrog.ne ou eau oxygénée.
Mécanisme
La décomposition du peroxyde d’hydrog.ne libère l’ion perhydroxyle dont le faible poids moléculaire permet une pénétration de l’émail et de la dentine. Les molécules organiques responsables de la dyschromie sont alors scind.es, ce qui contribue à la désaturation de la dent.
La législation
La nouvelle réglementation intègre les produits d’éclaircissement dentaire dans la grande famille des produits cosmétiques.
• Pour un éclaircissement externe (dents vitales), la concentration doit être inférieure à 6 %.
Une concentration inférieure à 0,1 % est utilisée dans les « bars à sourire » ou chez l’esthéticienne.
Entre 0,1 % et 6 %, l’usage est strictement réservé aux chirurgiens-dentistes.
• Pour l’éclaircissement interne (dents dépulpées), la concentration de 35 %, soit celle utilisée auparavant au fauteuil pour un blanchiment externe, est possible mais déconseillée.
La technique ambulatoire
Le produit utilisé est le peroxyde de carbamide (peroxyde d’hydrog.ne + urée) concentré à 10 % et 16 %, ce qui correspond à des concentrations de 3 % et 6 % en peroxyde d’hydrogène.
Le port est de 30 minutes à 120 minutes en fonction de la concentration.
• Indications
– Dyschromies légères ;
– Fluorose ou dysplasie : prévenir le patient que les taches vont s’accentuer, mais qu’au bout de 15 jours elles se fondent un peu plus dans la masse (reminéralisation).
• Les contre-indications
Les colorations d’origine minérale.
• Prédictibilité
Le gain moyen est de sept à huit teintes (teintier Vita). Il dépend de la concentration et de la durée de port.
• Les effets indésirables
– Les sensibilités : systématiquement réversibles ;
– La diminution du potentiel d’adhésion après le traitement : attendre de 8 à 15 jours ;
– Au contact de l’amalgame, la libération des sels de métaux lourds engendre des tatouages disgracieux.
Le changement de législation a entraîné le déclin de la technique au fauteuil au profit de la technique ambulatoire. Cette derni.re est facile à mettre en œuvre, économique et sûre, mais dépendante du patient, qui peut présenter une récidive au bout de trois ans environ. Pour les dyschromies marqu.es, il faut augmenter la durée du traitement.
Légende des illustrations :
Fig.1 : Patient de 65 ans désirant un éclaircissement. Une technique ambulatoire est proposée avec port de gouttière thermoformée personnalisée de 9/10 de mm d’épaisseur. Le principe actif est du peroxyde de carbamide à 16 %. Il est préconisé un port quotidien de la gouttière à raison de deux heures par jour au minimum pendant dix jours.
Fig.2 : Le principe d’éclaircissement repose sur les propriétés oxydantes de la décomposition du peroxyde d’hydrogène. En effet, le faible poids des molécules de peroxyde d’hydrogène décomposées leur permet de traverser l’émail et la dentine et de scinder les molécules organiques responsables de la dyschromie. Cette action contribue à la désaturation de la dent et donc à son éclaircissement.
Fig.3 : En fin de traitement, le teintier nous permet de constater l’efficacité de l’éclaircissement. Avec des concentrations peu élevées et des durées de traitement limitées dans le temps, les effets secondaires sont très minimisés. Généralement, il s’agit de sensibilités accentuées au « chaud-froid ».
Fig.4 : L’aspect législatif.