La plupart des patients suivis en cancérologie O.R.L., pour un carcinome, ont un profil identique à savoir homme ou femme agé(e) de 50 ans environ, ayant une consommation alcoolo-tabagique importante depuis de nombreuses années, présentant une mauvaise hygiène bucco-dentaire. Les traitements mis en oeuvre font appel à la chirurgie, à la radiothérapie à la chimiothérapie. Ces thérapeutiques sont sur un plan curatif très efficaces et, sont en contrepartie à l'origine de séquelles invalidantes concernant la mastication, la phonation, la déglutition et l'aspect esthétique. La radiothérapie est soit le traitement exclusif d'une tumeur soit un traitement complémentaire postchirurgical. Actuellement, la radiothérapie la plus souvent utilisée en ORL est la radiothérapie externe ; la curiethérapie n'est indiquée que dans des cas très précis. Le patient irradié au niveau cervico-facial présente des particularités physiologiques au niveau bucco-dentaire tels que le tarissement salivaire, la fibrose de l'os et des tissus de revêtement buccaux et la fragilité de ces tissus face aux agressions mécaniques et chimiques. Ces modifications impliquent des complications éventuelles parmi lesquelles l'ostéoradionécrose et la carie post-radique. L'ostéoradionécrose est un risque latent qui peut se manifester à tout moment dès lors que l'os a été irradié. Ce risque est majoré en cas d'extraction dentaire ou d'ulcération muqueuse ; d'où la nécessité d'établir des règles de bonnes pratiques en terrain irradié et d'anticiper les dégradations dentaires par une mise en état buccale préradiothérapique et par une fluoration dentaire. La prise en charge odontologique se fait d'une part en milieu spécialisé pour la surveillance et la chirurgie en terrain irradié et d'autre part, en cabinet pour les soins conservateurs et prothétiques.
Auteurs : Anna MERIGOT, Cécile CHATEL - (FRANCE)