Entre demande du patient et contraintes techniques

par Jean-Raphaël Nefussi

 

LES CRITÈRES DE DÉCISION THÉRAPEUTIQUE du praticien sont à la fois confrontés à la demande des patients et au « matériel thérapeutique » mis à sa disposition. Le chirurgien-dentiste doit à la fois mesurer la priorité du patient, et les contraintes techniques qui lui sont imposées.

Durant ces dernières années, nous avons pu observer une évolution de la demande des patients, tant au niveau esthétique que fonctionnel. C’est l’image du patient par rapport aux autres et à lui-même qui est engagée lors du traitement dentaire. Le développement des techniques cosmétiques et implantaires notamment permet de répondre à cette demande.

 

 

Préoccupations esthétiques et respect biologique

Mais doit-on s’aligner systématiquement sur la demande des patients ? L’esthétique passe-t-elle avant le respectbiologique ? Le praticien doit répondre avant tout à la demande initiale du patient tout en sensibilisant celui-ci à sa santé bucco-dentaire.

Aussi, à défaut d’en faire un acte médical, il faut repositionner le traitement esthétique dans un contexte médical. En effet, on remarque que l’amélioration esthétique favorise l’implication du patient autant dans son hygiène bucco-dentaire que dans son suivi. Le choix thérapeutique sera déterminé grâce à l’ensemble des connaissances mises à la disposition du praticien.

Cependant, on observe parfois que les réflexes thérapeutiques biomécaniques, Entre demande du patient et contraintes techniques comme la répartition des forces occlusales sur un maximum d’unités dentaires, ne sont pas toujours adaptés à cha -

que cas. En effet, il est à noter que l’absence de calage postérieur ne se traduit pas systématiquement par l’apparition de mobilités dentaires antérieures due à une surcharge occlusale. Les patients s’inscrivent dans des profils osseux très différents qui ne sont pas connus à l’heure actuelle, et qui ne permettent pas d’adapter les traitements.

 

S’autoriser la possibilité d’une réintervention ultérieure selon l’évolution de la dent

Il en va de même pour les dents sans antagonistes pour lesquelles on ne peut prévoir l’évolution : stabilisation, égression avec ou sans l’os alvéolaire. Le traitement d’une incisive ayant subi un traumatisme laisse le praticien dans une incertitude similaire quant à l’évolution de cette dent : la dent restera-t-elle vitale ? Pendant combien de temps ? Quel traitement peut être pratiqué face à cette incertitude ?

Il faudra répondre à la demande du patient tout en s’autorisant la possibilité d’une réintervention ultérieure en fonction de l’évolution. Un suivi régulier s’impose ainsi qu’une information claire du patient quant au retraitement éventuel. Il est nécessaire d’intégrer le patient au traitement afin qu’il ne considère pas le soin ultérieur comme une défaillance, mais comme une suite logique du traitement initial.