RETOUR sur la journée « Décisions absurdes » du 17 octobre 2019

Retour sur la journée « Décisions absurdes : comment les éviter ? »

 

La dentisterie est une spécialité médicale qui se conçoit essentiellement au travers d’actes manuels. La qualité d’un étudiant puis d’un chirurgien-dentiste se mesure à sa capacité à connaître une somme importante de données scientifiques puis dans son aptitude à appliquer les techniques apprises tout au long de son cursus de formation. Il en découle que les complications sont toujours analysées comme étant des défauts d’application des règles ou du savoir. Cette approche est très limitée car elle ne prend pas en compte toutes les données scientifiques des neurosciences et des sciences du comportement qui montrent que le cerveau est loin d’être une machine parfaite.

Bien au contraire, le comportement humain est influencé par de nombreux paramètres tel que le stress, la fatigue, la pression temporelle, le défaut de communication, etc. De même, les biais cognitifs, qui sont des façons non objectives et systématiques d’appréhender les informations qui nous arrivent en permanence, altèrent sans arrêt la prise de décision.

Cette réalité a été prise en compte dans les activités humaines à risque comme l’aviation ou l’industrie nucléaire avec une efficacité non discutable. Il apparaît que la mise en place des « facteurs humains » est plus compliquée en médecine ou en dentisterie. Cela remet en question trop de dogmes, tant dans l’éducation que dans les relations au sein des équipes soignantes. Plusieurs études sur de très grands nombres de patients montrent que 80 % des complications en médecine et dentisterie ont une origine directement liée aux « facteurs humains ».

Il existe des protocoles ou des concepts qui sont parfaitement connus et qui sont facilement adaptables aux pratiques médicales. Ce sont la non-punition de l’erreur, la communication sécurisée, l’utilisation systématique de check-list, le partage des erreurs et la gestion des menaces. Les études en médecine et dentisterie rapportent non seulement des améliorations de la qualité des soins en limitant le nombre d’événements indésirables graves ou non, mais aussi une limitation des pertes financières non négligeable grâce à une organisation plus efficace et plus rigoureuse. Beaucoup de chirurgiens-dentistes utilisent ces notions de façon intuitive et parcellaire.

Franck Renouard

Cependant, à l’instar des pilotes privés ou professionnel qui ont des cours obligatoires « facteurs humains » dans leur cursus, il serait temps que les professions médicales intègrent ce concept aux formations ante et postuniversitaires.

 

Franck Renouard
 

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