À la louche

Philippe Milcent (rédacteur en chef du JSOP)

Publié le mercredi 30 novembre 2022

5 % de patients au comportement difficile, c’est à la fois peu et beaucoup dans notre exercice.
Philippe Milcent


Allez, à la louche, 5 %, c’est à peu près le pourcentage de patients difficiles. Non pas au sens clinique, mais du fait de leur comportement et, parfois, de leur état d’esprit. Contestataires, jamais contents voire grincheux, toujours en retard, stressés et stressants, rétifs à toute explication, parfois de mauvaise foi, agressifs, etc.
Mais combien d’autres nous apportent satisfaction ? Ceux qui reconnaissent bien volontiers nos compétences et notre expérience, qui expriment leur sympathie ou leur remerciement, qui nous admirent parfois (ne soyons pas hypocrite, ça fait toujours plaisir), et ceux qui, même, nous portent aux nues (ce qui n’est pas toujours sans danger, car leur déception, en cas de problème, sera proportionnelle à l’admiration que nous avons suscitée auprès d’eux).
Oui mais voilà, ce sont ces 5 % de la louche qui pèsent souvent le plus lourd.
Ces 5 %, on les retrouve un peu partout. En voiture par exemple. En comptant honnêtement, le nombre de ceux qui doublent à droite, font des queues de poissons, enfreignent ouvertement les limitations de vitesse, voire ceux qui roulent sans permis. Ils ne sont souvent pas plus de 5 %.
Il en va ainsi de toutes les règles contraignantes, parfois contre- productives : elles visent une minorité irresponsable, inconsciente et délétère, mais sans effet tangible. Pour les 5 % et à cause d’eux, on durcit les réglementations auxquelles ils sont totalement indifférents, mais qui vont s’imposer au 95 % qui les respectent.
5 % de patients difficiles, c’est à la fois peu et beaucoup. Quand tout va bien dans notre exercice, ça n’est pas grand-chose. Mais quand ça coince un peu, alors qu’est-ce que cela pèse !
 

Philippe Milcent,
rédacteur en chef du JSOP
 

Source : éditorial, page 3 du Journal de la SOP n°8 décembre 2022  

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