Une dynamique de transparence

Philippe Safar (président d'honneur SOP)

Publié le lundi 02 avril 2018

Il faut démystifier notre cadre de travail. Pour vivre heureux, ne vivons plus cachés.
Safar

IL Y A DES MAXIMES QUI VIEILLISSENT MAL. Ainsi en est-il du précepte « Pour vivre heureux, vivons cachés », que certains appliquaient jadis dans leur exercice. Les temps présents exigent de corriger cette désuète culture du secret. À l’heure des smartphones, des réseaux sociaux et des chaînes d’infos, plus personne n’est à l’abri derrière un mur opaque ni ne peut se réfugier dans le silence. L’affaire Lactalis* et les mystères qui l’entourent en apportent l’éclatante démonstration.

Il serait judicieux de ne plus se priver de cette carte de la transparence auprès du patient. Car aujourd’hui, celui-ci ne se présente plus seulement comme l’acheteur d’un bien banalisé contribuant à son état de bien-être et à sa santé. Bien plus qu’un consommateur, il est à la recherche du meilleur rapport qualité-prix. La société s’emploie à le considérer comme citoyen et usager responsable de sa santé comme de celle des autres, puisqu’il doit intégrer l’idée qu’en pensant à lui, il implique la planète.

DANS CE CONTEXTE, LE CABINET DENTAIRE DE 2018 endosse de plus en plus le statut d’une entreprise ordinaire, et le praticien celui du chef d’entreprise, mais un chef d’entreprise auquel la publicité est interdite.

Or, la culture du secret nous coupe d’un maillon important de la valorisation de notre exercice : le patient. Il est notre meilleur allié, notre ambassadeur. Aussi, dans ces temps où la défiance à l’égard de la profession est instillée à dose continue – et les mots pour le dire volontiers provocants ou outranciers –, l’honnêteté et la transparence ne sont pas de trop pour contre-attaquer ou écarter les soupçons. Car, en cas de faux pas, ce sont les praticiens qui se cachent qui sont les plus accablés.

L’honnêteté du praticien va de pair avec la qualité des soins prodigués. La conjonction de ces deux valeurs, leur mise en cohérence sont validées par la participation aux formations continues. Cela mérite d’être su.

UTILISER L’EFFET MOTEUR DE LA TRANSPARENCE, c’est apprendre à communiquer avec les patients, non pas pour faire du marketing, mais pour dialoguer, rassurer, afficher les procédures, la spécificité et la sécurité de notre pratique. Si, par exemple, la chaîne de stérilisation intrigue, nous devons montrer le séquencement des phases, ce qui valorisera notre rigueur.

Il nous semble qu’aujourd’hui il faut oser démystifier l’ensemble de notre cadre de travail, montrer la complexité de l’exercice, et faire en sorte que les patients soient, non pas tant des obligés, mais des enthousiastes. Pour vivre heureux, ne vivons plus cachés.
 

Philippe Safar

* Dit « scandale » lié à l’infection aux salmonelles du lait infantile Lactalis.

 

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