18e soirée scientifique commune de la FSSOSIF

 

L’omnipraticien face aux lésions buccales

introduction


Didier Gauzeran est intervenu, lors de la formation annuelle proposée par la Fédération des sociétés scientifiques odonto-stomatologiques de l’Île-de-France (Fssosif), dont la SOP est membre. Avant le compte rendu en images, pages suivantes, voici une synthèse des grands principes de la question, tirés de la conférence de Didier Gauzeran.

 

 

Quel que soit le stade des lésions cancéreuses de la cavité buccale, le pronostic est très sérieux et n’a quasiment pas varié depuis 30 ans. Le taux de survie à trois ans est de 50 %, de 30 % à cinq ans et de 10 % à dix ans, tous stades confondus. Car 70 % des cancers sont diagnostiqués au stade T3 ou T4 de façon beaucoup trop tardive. Au stade T1, lorsque la lésion mesure moins de 2 cm, le taux de survie à cinq ans est de 65 % ; au stade T2, il chute à 30 %.

 

Ces données soulignent tout l’intérêt d’un diagnostic précoce des quatre principaux types de lésion à risque potentiel de transformation maligne : les érosions, les ulcérations (atteinte du conjonctif), les kératoses et les nodules. Il faudra se poser quatre questions face à ces lésions afin d’en définir le risque potentiel : quel type de lésion ? Quelle cause ? Quelle localisation ? Quels facteurs de risque liés au patient ? Les risques avérés sont le tabac, le cannabis (++), l’alcool, les radiations, les virus. Les risques associés sont l’inflammation chronique, la septicité buccale, les facteurs nutritionnels.

 

Indépendamment du diagnostic, qui relève la plupart du temps de l’analyse anatomopathologique, il est essentiel de définir si la lésion est suspecte ou non. Elle l’est d’autant plus que le patient présente des facteurs de risque. La lésion unique est plus grave que les lésions multiples. Si elle persiste après la suppression de la cause, elle doit être prise en charge (biopsie ou exérèse).

 

Les lésions kératosiques du dos de la langue sont moins graves que celles de la face ventrale et du plancher buccal où la muqueuse est peu épaisse et peu résistante, mais il faudra quand même les traiter avant qu’elles n’évoluent. Une dysplasie de bas grade enlevée en totalité constitue un avertissement sans frais, et le diagnostic d’un cancer in situ est d’un bon pronostic. Les lichens plans sont des lésions qui, en présence de tabac, présentent un risque d’évolution vers le cancer. Sur les formes anciennes, seuls 1 % à 4 % des cas évoluent négativement. La pose de PAP ou d’implant sur ces kératoses doit absolument être proscrite.

 

par Marc Roché


Télécharger le compte-rendu soirée "Lésions buccales" - novembre 2011 FSSOSIF/SOP -  (392 ko)