Une bonne gauche/droite

Philippe Milcent (rédacteur en chef du JSOP)

Publié le jeudi 01 septembre 2016

Un équilibre entre démarche scientifique et approche humaniste des soins
Philippe Milcent

ÉMILE COUÉ DE LA CHÂTAIGNERAIE, pharmacien de son état, n’avait hélas pas en stock les principes actifs mentionnés sur l’ordonnance que lui tendait une patiente. Hop ! Ni une ni deux : il lui confectionne un mélange inactif à base d’eau et d’aromates (1). La patiente revint quelques jours plus tard lui réclamer à nouveau ce médicament qui lui avait, disait-elle, fait beaucoup de bien.

Émile Coué venait de découvrir l’effet placebo.

On a malheureusement réduit la méthode Coué à une vulgaire recette d’auto-persuasion, ce qui est faux, même si c’est partiellement vrai.

Passionné de psychologie et d’hypnose, il découvrit que l’imaginaire a un rôle prépondérant dans notre psychologie et notre comportement.

Il affirmait d’ailleurs que, lorsqu’il y a un conflit entre le cerveau gauche – le siège de la rationalité – et le cerveau droit – le siège de l’imaginaire –, c’est toujours le droit qui l’emporte.

D’autres découvreurs ont ensuite fait de l’hypnose médicale ce qu’elle est aujourd’hui. Citons, entre autres, Franz-Anton Messmer, qui découvrit que l’on pouvait guérir certaines maladies avec d’autres moyens que les techniques habituelles en vigueur à l’époque (2).

Ou encore, Dave Elman, journaliste américain, qui mit au point des techniques d’hypnose rapide.

Et, bien sûr, Milton H. Erickson, le père de l’hypnose médicale moderne. Fils d’un fermier du middle-west américain, il fut atteint d’une poliomyélite. Par l’autosuggestion et un travail mental, il retrouva l’usage de ses membres, et suivit ensuite des études de médecine et de psychiatrie.

 

L’HYPNOSE MÉDICALE EST-ELLE UN PHÉNOMÈNE DE MODE ? Peut-être. Mais elle est aussi et surtout, au-delà de l’accompagnement du patient par l’analgésie et l’anesthésie (3), une méthode concrète de ré-humanisation des soins (4). C’est cet apport pratique et ce supplément d’âme qui ont décidé la SOP à lancer au premier semestre 2017 un cycle long en hypnose (lien vers ce cycle).

Mais, pour la SOP, ce serait un peu court ! Comme l’expression de ce qu’est pour nous une pratique idéale – un équilibre entre démarche scientifique et approche humaniste – notre société lance un autre cycle qui, celui-ci, s’adresse à la pensée cognitive avec une formation consacrée à la dermatologie orale (lien vers ce cycle). Pensée cognitive ? Oui et non. Car savoir diagnostiquer une lésion buccale, savoir traiter les lésions bénignes, comprendre la démarche diagnostique, c’est aussi avoir une conception complète de notre exercice médical, qui ne consiste pas à traiter des dents, mais à apporter des soins à des patients.

  

Philippe Milcent, rédacteur en chef du JSOP 

 

 

(1) Dans notre monde hyperjudiciarisé et standardisé, personne ne s’amuserait à faire cela aujourd’hui !

(2) Ne pas confondre avec l’artiste québécois (Éric Normandin de son vrai nom) qui pratique de l’hypnose de scène !

(3) Hypnose, douleurs aiguës et anesthésie, Claude Virot & Franck Bernard, Ed Arnette.

(4) L’hypnose pour réhumaniser le soin, Dr Patrick Bellet, Ed. Odile Jacob.